• 9 janvier 2008

    Le retour de l'affaire Bolkestein ?

    Le retour de l'affaire Bolkestein ?

    Alors que l'affaire avait attiré l'attention médiatique lorsqu'elle fut annoncée en septembre 2005, en plein débat sur la proposition de directive sur les services de la Commission européenne (dite " directive Bolkestein "), son épilogue devant la Cour de justice des Communautés européennes est presque passé inaperçu. Pourtant, les arrêts rendus les 11 et 18 décembre 2007 dans les affaires C-438/05 (Viking Line APB) et C-341/05 (Laval un Partneri Ltd), méritent que l'on s'y attarde. Ils suggèrent que le juge communautaire n'est pas opposé à la fameuse clause du pays d'origine, qui avait tant fait couler d'encre au moment de la campagne référendaire française.

  • 11 décembre 2007

    Déficits : jusqu’où peut-on aller ?

    Déficits : jusqu’où peut-on aller ?

    Depuis la mise en place de l’euro, les déficits publics n’ont cessé de baisser en Europe. Si ce n’est dû à la vigilance des marchés, c’est peut-être grâce à la surveillance européenne dans le cadre du pacte de stabilité. Après un pic de 6% du PIB en 1993, le déficit moyen de la zone euro est passé sous les 3% au moment de la mise en place de l’euro et pourrait bien afficher en 2007 un niveau de 0,8% du PIB seulement. Parallèlement, les ratios dette sur PIB n’ont pas diminué de façon aussi spectaculaire puisque d’après Eurostat, la dette moyenne de la zone euro, qui s’élevait à 70,9% du PIB en 2000, serait quasiment stable à 70,1% en 2006.

  • 6 décembre 2007

    L’euro trop fort : le début de la fin ?

    L’euro trop fort : le début de la fin ?

    Il monte, il monte, l’euro. Le seuil de 1,5 dollars pour un euro est en vue, et sera sans doute franchi très bientôt. En octobre 2000, dans une période de faiblesse qui avait alors beaucoup frappé les esprits, l’euro ne valait que 0,85 dollars. Depuis le début de cette année seulement, il s’est apprécié de près de 15%, toujours vis-à-vis du dollar. Alors il souffle un vent de panique. Airbus a même indiqué que son existence était en jeu. Tout cela est-il justifié ? Non, pour deux raisons principales. D’abord, mesurer l’euro par rapport au dollar est un peu de la supercherie. Ensuite, rien ne dit que la situation va durer bien longtemps.

  • 4 décembre 2007

    Les leçons de Galileo

    Les leçons de Galileo

    Le spectacle donné par la Commission, le Conseil et le Parlement européens pour boucler le financement de Galileo fait irrésistiblement penser aux marathons agricoles. Tout y est : les négociations de la dernière heure qui durent des années, les ultimatums non suivis d’effets, les tractations infinies avec tel ou tel ministre national agrippé à son drapeau et aiguillé par son lobby catégoriel favori et à l’arrivée l’horloge arrêtée pour passer les derniers compromis qui dénaturent le projet initial. Et pourtant s’il est un projet qui incarnait le meilleur de l’esprit européen c’était bien Galileo. Pourquoi donc ce projet emblématique de la stratégie de Lisbonne s’est-il mué en symbole des impuissances européennes ?

  • 26 novembre 2007

    Et si l’Italie quittait l’euro ?

    Et si l’Italie quittait l’euro ?

    Dans les changements continuels de l’économie mondiale, il y a au moins une constante : le mécontentement suscité par l’euro. Au début de la décennie, le principal motif de plainte était que l’euro était trop faible pour des économies en plein essor comme l’Irlande. Désormais, il est trop fort pour les pays comme l’Italie, qui ont un problème de croissance. Il est clair que la source du problème actuel est externe. Elle est liée à la chute du dollar, qui traduit une combinaison de problèmes économiques et financiers aux Etats-Unis, et au fait que les autorités chinoises persistent à indexer le renminbi sur le billet vert. Mais les récriminations ne cessent pas pour autant.

  • 19 novembre 2007

    « Je dois être le maître dans tout et surtout dans ce qui concerne les affaires de la Banque »

    « Je dois être le maître dans tout et surtout dans ce qui concerne les affaires de la Banque »

    « Je dois être le maître dans tout ce dont je me mêle et surtout dans ce qui concerne les affaires de la Banque, qui est bien plus à l'empereur qu'à ses actionnaires puisqu'elle bat monnaie », disait Napoléon. Aujourd'hui Nicolas Sarkozy n'est pas loin de penser la même chose. Sans la citer, le président a de nouveau épinglé la Banque centrale européenne, sur trois thèmes : il faut pouvoir débattre de tout, y compris de la politique monétaire ; l'Europe ne doit pas être la seule grande puissance économique à ne pas pratiquer une politique de change conforme à ses intérêts ; l'indépendance ne doit pas se confondre avec une "totale irresponsabilité". Quelle peut être la portée de ces déclarations ?

  • 13 novembre 2007

    La société de défiance : un mal français

    La société de défiance : un mal français

    La France est engagée dans un cercle vicieux dont les coûts économiques et sociaux sont considérables. Depuis plus de vingt ans, des enquêtes menées dans tous les pays développés révèlent qu'ici plus qu'ailleurs, on se méfie de ses concitoyens. Les Français sont parmi les plus nombreux à n'avoir aucune confiance dans les pouvoirs publics, les partenaires sociaux et la Justice. Ils sont également les plus rétifs à l'économie de marché. Selon une enquête de World Values Survey, à la question " pensez-vous qu'il est possible de faire confiance aux autres ou que l'on n'est jamais assez méfiant ? ", un Français sur cinq seulement déclare faire crédit à son prochain. C'est deux fois moins qu'aux États-Unis ou au Canada. Trois fois moins que dans les pays scandinaves. Sur les 26 pays les plus riches de la planète, la France se trouve en 24e position, devant le Portugal et la Turquie. Dans ce contexte, nul doute que l'actualité récente n'alimente encore davantage le sentiment de défiance des Français. Le scandale des retraits d'argent liquide par l'un des principaux représentants du Medef alimente la suspicion sur le financement opaque des syndicats. Le soupçon de délit d'initié chez EADS jette également une lumière crue sur les pratiques potentielles de connivence entre l'Etat et les milieux industriels et financiers.

  • 12 novembre 2007

    Le libéralisme est-il de gauche ?

    Le libéralisme est-il de gauche ?

    L'Europe continentale est engagée dans un débat passionné sur la poursuite de réformes favorables à l’économie de marché et à un plus grand libéralisme économique. Chacun sait ce que cela signifie :  compétition, flexibilité du marché du travail, libéralisation des services, baisse des impôts, privatisations. Le débat traditionnel est le suivant : ces réformes sont des réformes de droite, elles peuvent aboutir à plus d’efficacité – et peut-être même à plus de croissance économique – mais elles ont aussi tendance à augmenter les inégalités et à se faire au détriment des plus pauvres. Donc, et ici se fait jour l’argument classique des Européens « socialement compatissants », on ne peut avancer que très prudemment dans cette direction : les gouvernements doivent procéder soigneusement et se tenir prêts à faire marche arrière à n'importe quel point. Or, une bonne partie de ce raisonnement est fondamentalement fausse.

  • 9 novembre 2007

    1,70 dollars pour un euro ?

    1,70 dollars pour un euro ?

    La baisse régulière du dollar ces dernières années tourne aujourd’hui à la chute libre. Le catalyseur immédiat de cette accélération est l’impression croissante que la crise du crédit a mis la Réserve fédérale américaine le dos au mur et que, dans un contexte politique tendu, elle choisira plutôt de prendre des risques avec le dollar qu’avec l'activité économique. Bien sûr, une partie de cette dynamique est due à l'incertitude et à une grande défiance mutuelle au sein du secteur financier ; le temps devrait réduire cette incertitude, mais entretemps les investisseurs opportunistes – plus communément appelés spéculateurs –  passent leur temps à attendre une politique qui inverserait la tendance et ils croient aujourd’hui voir venir le temps de ce changement.

  • 7 novembre 2007

    Le défi asiatique du développement durable

    Le défi asiatique du développement durable

    La phase actuelle de réchauffement climatique coïncide avec l’émergence économique et industrielle de vastes régions en développement. Il en découle une querelle autour de plusieurs malthusianismes. De la taille des populations en émergence naît une inquiétude dans les économies développées, et avec elle une vision antagonique de l’accès aux ressources. Légitimée par le maintien pour tous d’un environnement global, elle recouvre parfois une conception asymétrique des efforts de chaque nation. Ce sont les émergents qui perturbent le monde. A cette approche répond assez directement la position inverse : la défense d’un ambigu « droit au développement », souvent promue par les plus riches des pays concernés. Le risque majeur, dans un système de négociations articulées sur les relations internationales, est l’oubli de la nécessaire réflexion sur la réinvention du développement.

  • 6 novembre 2007

    TVA sociale : une grande assiette pour un plat réchauffé ?

    TVA sociale : une grande assiette pour un plat réchauffé ?

    Les gains attendus d’une substitution de la TVA aux cotisations sociales proviennent essentiellement à long terme comme à court terme du passage du financement de la protection sociale vers une plus large assiette. Mais l’assiette retenue est-elle réellement plus large ? A priori, la réponse semble être affirmative. En France, la masse salariale nette de cotisations sociales patronales, assiette des dites cotisations, s'élève à environ 660 Md€ alors que l'assiette théorique de la TVA est de l’ordre de 1025 Md€. En faisant abstraction de la réaction des assiettes fiscales à une modification des taux de prélèvement, une hausse d’un point de TVA pourrait ainsi permettre à court terme la baisse d’1,56 point du taux de cotisation. Mais plus large à court terme, l’assiette de la TVA l’est-elle aussi durablement à long terme?

  • 5 novembre 2007

    Les superstars européennes

    Les superstars européennes

    L’essentiel du débat public sur les questions de mondialisation – incluant la question de l’agenda de Lisbonne – raisonne en termes de secteurs perdants ou gagnants. En réalité, c’est au sein des secteurs qu’il faut chercher gagnants et perdants. Il faut s’intéresser aux entreprises, plutôt qu’aux secteurs, comme vient de le montrer un groupe de chercheurs européens travaillant conjointement sur des bases de données nationales d’entreprises dans leurs pays respectifs, dont la France.

  • 2 novembre 2007

    Une astuce financière contre la pénurie de taxis

    Une astuce financière contre la pénurie de taxis

    Les chauffeurs de taxi ont su une nouvelle fois montrer leurs muscles et, foin des beaux projets, le gouvernement a reculé. On parlait cette fois d’introduire dans le projet de loi de finances 2008 une remise en cause de l’avantage fiscal des taxis en matière de TIPP. Quelques blocages de rue parisienne le 26 septembre ont suffi. Le mouvement a été d’autant plus suivi qu’il donnait l’occasion aux taxis d’envoyer un signal fort à tous ceux qui, de façon croissante, appellent à remettre en cause le système des licences (les « plaques » dans le jargon des taxis).

  • 26 octobre 2007

    Le pétrole à 100 dollars ? Plus dure sera la chute

    Le pétrole à 100 dollars ? Plus dure sera la chute

    Dépassant les attentes, le cours du pétrole brut (Brent) a augmenté de 9% au troisième trimestre et continué à monter depuis, comme s'il n'y avait pas de limites dans ce marché. En fait, il y a des limites : la demande est sensible aux variations de prix, et une correction est maintenant due. La principale raison qui a convaincu les traders d’augmenter leurs positions longues est un mouvement contre-saisonnier dans les stocks. Alors que la plupart des experts escomptaient une augmentation saisonnière des stocks au troisième trimestre, avant la baisse traditionnelle due à la consommation de chauffage en hiver dans l'hémisphère nord, c’est exactement le contraire qui s’est produit. Selon le rapport d’octobre de l'Agence internationale de l’énergie, le total des stocks a diminué de 0,5 million de barils par jour (mb/j) au troisième trimestre, alors qu’on attendait une hausse de même ampleur. Toutes choses égales par ailleurs, c’est l’équivalent d’une baisse de la production de l’ordre d’un million de barils par jour.  C’est ce qui a fait grimper les prix à 80 dollars, puis aux alentours de 90 dollars, l’approvisionnement de l'OPEP n'ayant pas été suffisant pour reconstituer les stocks.

  • 25 octobre 2007

    Commerce : que faire avec l’Afrique ?

    Commerce : que faire avec l’Afrique ?

    En vertu des accords de Cotonou signés en 2000 et ayant permis à l’Union européenne et aux pays Afrique-Caraïbe-Pacifique (ACP) d’obtenir une clause d’exemption temporaire des règles de l’OMC en 2001, l’Union et les ACP sont tenus de conclure un accord de libre-échange d’ici le 31 décembre. Jusqu’à la fin de l’année, le régime douanier préférentiel accordé par l’UE aux ACP peut donc rester discriminatoire, contrairement aux règles multilatérales. Un pays aussi pauvre ou plus pauvre qu’un ACP n’a pas droit aux mêmes conditions d’accès au marché européen simplement parce qu’il n’est pas un ACP. Cela laisse quand même beaucoup de pauvres en dehors du dispositif de Cotonou (succédant aux accords de Lomé) censé promouvoir le développement. Et ceci même si deux dispositifs parallèles existent, le Système de préférences généralisé (SGP) et l’accord Tout sauf les armes (TSA) ouvert aux seuls Pays les moins avancés (PMAs).

  • 23 octobre 2007

    Comment déblayer les chantier sociaux ?

    Comment déblayer les chantier sociaux ?

    Les chantiers ouverts par le président de la République dans le domaine des relations sociales sont impressionnants par leur foisonnement : une dizaine de décisions ou de négociations engagées en même temps, avec un calendrier très bref. Tout – ou à peu près – doit être terminé à la fin de l’année.

  • 22 octobre 2007

    La croissance allemande est-elle durable ?

    Après presque une décennie de crise, l'économie allemande est finalement repartie. La croissance dépassera probablement 2,5% cette année, mettant un terme à la pire période de vaches maigres depuis les années 1950. Longtemps considérée comme l’un des « hommes malades de l'Europe », l'Allemagne a connu une croissance d’un tiers inférieure à la moyenne européenne ces dix dernières années. Beaucoup sont soulagés de voir repartir le moteur de l’économie européenne. La question est : pour combien de temps ? Ce regain de croissance est-il durable ?

  • 19 octobre 2007

    Faut-il brûler les stock options ?

    Faut-il brûler les stock options ?

    Le scénario est immuable en France : un patron avide commet un excès financier, les médias le dénoncent vigoureusement, des parlementaires proposent de faire un exemple, un rapport de la Cour des Comptes publié au même moment justifie une nouvelle taxation, le gouvernement en catastrophe décide de légiférer.

  • 18 octobre 2007

    La concurrence sans l'anxiété

    La concurrence sans l'anxiété

    Une multitude de travaux empiriques, produits en France comme dans les autres pays développés, montrent que la productivité est la clé de la prospérité. Et pourtant, elle a mauvaise presse ! Elle serait même responsable des destructions d'emplois. Notre législation du travail considère qu'on ne peut licencier que pour préserver la productivité, et surtout pas pour l'accroître. Or seules les entreprises productives créent de l'emploi, paient bien leurs salariés et leur offrent des carrières, exportent, importent aussi (les méchantes !!!),  et surtout innovent. Deux tiers des entreprises qui accroissent leur productivité (sur une période de 5 ans) créent simultanément de l'emploi parce qu'elles grandissent. Bien sûr, lorsque les entreprises qui réussissent s'accroissent, fatalement, d'autres, les moins productives, meurent. Et rares sont les entreprises parmi les moins productives, devenant, on ne sait comment, plus efficaces. L'entrée de nouvelles entreprises constitue une source importante de croissance de la productivité.

  • 17 octobre 2007

    Pourquoi il faut renationaliser le Pacte de stabilité

    Pourquoi il faut renationaliser le Pacte de stabilité

    Le Conseil européen, qui se réunit le 18 octobre à Lisbonne pour finaliser le projet de Traité simplifié, ferait bien de se pencher avec un peu plus d’imagination sur la manière dont la zone euro est gouvernée. Lundi nous abordions la question de la place de la  BCE dans cette gouvernance. Aujourd’hui, nous abordons un second volet dans lequel nous proposons ni plus ni moins que la renationalisation du Pacte de stabilité et de croissance.