• 20 décembre 2012

    L’affront aux deux Fronts

    L’affront aux deux Fronts

    Tandis qu’il y a quelques semaines l’inénarrable Jean-Luc Mélenchon traitait le PS d’astre mort, Marine Le Pen déclarait pour sa part il y a quelques jours que l’UMP n’existait plus. C’était avant les législatives partielles et la fin de la crise aiguë à l’UMP. Ces événements ont remis les pendules à l’heure et montré, une fois de plus, que les deux Fronts nourrissaient des espoirs très excessifs quand au sort des deux grands partis de gouvernement.

  • 18 décembre 2012

    La Fed se fait enfin comprendre…

    La Fed se fait enfin comprendre…

    Tout le monde connaît cette boutade d'Alan Greenspan à propos de la politique monétaire américaine : « Si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé. » Les intentions de la Fed devaient rester frappées au sceau de l’incertitude ou de l'ambiguïté. Son successeur agit différemment en recherchant de nouveaux modes de stimulation économique dans un contexte de taux d'interêt presque nuls. Outre le lancement d’un nouveau programme de rachats d’obligations du Trésor américain à long terme, son comité de politique monétaire (FOMC) a décidé de lier le maintien de son taux d’intérêt directeur à trois conditions : maintien du taux de chômage au-dessus de 6,5%, perspectives d’inflation à moyen terme ne déviant pas de plus d’un demi-point par rapport à son objectif de 2, % fixé par le Comité, attentes inflationnistes à plus long terme stables. La surprise a été que Ben Bernanke, le président de la Fed, conditionne désormais le relèvement du taux directeur à l’évolution des conditions économiques plutôt qu’à une date de référence : mi-2015.

  • 12 décembre 2012

    Y a-t-il un incivisme fiscal ?

    Y a-t-il un incivisme fiscal ?

    Starbucks vient d’annoncer que, quoi qu’il arrive, la société paierait pour les deux prochaines années un montant de 10 millions de livres de taxes au Trésor britannique sur une base volontaire. Même dans l’hypothèse de résultats déficitaires, la chaine de Seattle s’engage à acquitter plus qu’elle n’a jamais payé depuis les treize ans de son installation outre-Manche. Ce surcroît de civisme n’a rien à voir avec une soudaine conversion au capitalisme rhénan ou à la nomination d’un CEO crypto-marxiste. Il s’agit au contraire d’éviter à tout prix que l’image de la chaîne soit durablement affectée par la violente polémique qui agite la société britannique : alors que l’économie du Royaume-Uni affiche semaine après semaine des perspectives de plus en plus noires, alors que le gouvernement conservateur persiste dans une politique de coupes drastiques dans les budgets publics, il est apparu que des firmes aussi prestigieuses que Starbucks, Google ou Amazon ne s’acquittaient de pratiquement aucun impôt au Royaume-Uni.

  • 3 décembre 2012

    Egypte: à quoi joue Morsi ?

    Egypte: à quoi joue Morsi ?

    La vie politique égyptienne a connu ces derniers jours un regain de tensions. Le président Mohammed Morsi, tout auréolé du succès de son entremise dans le conflit israélo-palestinien, a fait un coup de force : il s’est arrogé, par une « Déclaration constitutionnelle », le pouvoir d’édicter des lois et des décrets qui échappent à la censure des tribunaux et a interdit à la Haute Cour constitutionnelle de se prononcer sur toute demande relative à la Commission constitutionnelle, alors occupée à rédiger le projet de Constitution. Cette déclaration devrait aussi permettre de juger une nouvelle fois  des responsables du régime précédent, c’est-à-dire de les condamner à des lourdes peines, puisqu’on doute qu’il s’agisse de les rejuger pour les absoudre. Enfin, il a en profité pour limoger à nouveau le Procureur général. C’est la troisième fois, déjà, que le président Morsi tente un coup de force : il y a eu, tout d’abord, la tentative de rétablir le Parlement dissout à la suite d’une décision de la Haute Cour constitutionnelle et, ensuite, le premier limogeage du Procureur général. Chaque fois le président a dû revenir sur ses décisions. Pour l’instant, malgré d’assez importantes manifestations, il n’est pas revenu sur celle-ci. Il n’y a pas intérêt, car il s’agit d’une décision charnière : elle est censée permettre la stabilisation de la vie politique dans un équilibre favorable aux Frères musulmans.

  • 29 novembre 2012

    Faut-il nationaliser Mittal ?

    Faut-il nationaliser Mittal ?

    La nationalisation d’une entreprise localisée sur le territoire national est parfaitement légale dès lors qu’une loi est votée et qu’une indemnisation est prévue. Le périmètre de l’activité nationalisée est facilité par l’existence d’une entité juridique contrôlant l’ensemble des activités du site de Florange. Le gouvernement peut donc soumettre au Parlement une loi et il aura la majorité nécessaire pour la faire adopter. Mais est-ce la bonne solution ? C’est toute la question aujourd’hui.

  • 23 novembre 2012

    UMP : ce qui est vraiment en jeu

    UMP : ce qui est vraiment en jeu

    Le trait principal qui caractérise les deux crises, de 2008/2009 pour le PS et de 2012 pour l’UMP, est la nature du poste de leader du parti. Dans les deux cas, les principaux concurrents pour ce poste (Martine Aubry et Ségolène Royal pour le PS, Jean-François Copé et François Fillon pour l’UMP) ont prétendu séparer l’enjeu de la désignation du leader du parti de celui de la désignation du candidat du parti à l’élection présidentielle suivante.

  • 21 novembre 2012

    La France est-elle vraiment l’homme malade de l’Europe ?

    La France est-elle vraiment l’homme malade de l’Europe ?

    L’hebdomadaire The Economist l’a dit, la presse et les milieux économiques allemands en débatent quotidiennement, le FMI s’en inquiète ouvertement. Après l’Espagne ce sera l’Italie, et après l’Italie c’est la France qui entrera en crise de la dette publique. Ce pourrait être alors la fin de l’euro, parce que la France, c’est trop gros, et parce que la France pourrait entraîner l’Allemagne si d’aventure elle essayait de sauver la France. Que penser de cette montée d’angoisse ?

  • 8 novembre 2012

    Gallois, la gauche et la compétitivité

    Gallois, la gauche et la compétitivité

    Avec la publication du rapport Gallois, François Hollande était confronté à un triple problème : que faire d’un rapport qui réfute la doxa socialiste sur les problèmes de compétitivité, quel parti en tirer en termes de politiques publiques, comment inscrire l’action nécessaire dans le contexte politique et économique dégradé de novembre 2012. Comment interpréter la réponse donnée à ces trois questions ?

  • 6 novembre 2012

    L’aggiornamento socialiste, une nécessité absolue

    L’aggiornamento socialiste, une nécessité absolue

    Quelles que soient les décisions prises aujourd’hui, la question se pose de la capacité de la gauche en général, et du PS en particulier, à assumer une politique économique réaliste, rompant avec la stratégie keynésienne de la demande et optant clairement pour la stratégie de l’offre adoptée et appliquée avec succès par les social-démocraties de l’Europe du nord.

  • 26 octobre 2012

    Peut-on superviser les banques sans argent ?

    Peut-on superviser les banques sans argent ?

    Avec quel budget l’Autorité bancaire européenne (ABE) – European Banking Authority – a-t-elle fonctionné depuis son entrée en fonction en janvier 2011 ? La réponse est : 20 millions d’euros, soit à peu près 8 fois moins, par exemple, que le budget de l’Autorité de contrôle prudentiel française (ACP). Force est de constater que l’ABE n’a guère eu les moyens de sa mise en route alors même qu’il lui fallait asseoir sa crédibilité pour pouvoir incarner le gendarme du secteur bancaire européen. Certes, c’est à la BCE que l’Union européenne s’apprête à confier la surveillance des banques. Or, cette fonction aurait sans doute mieux convenu à l’ABE qu’à la BCE.

  • 24 octobre 2012

    Borloo fera-t-il mieux que Bayrou ?

    Borloo fera-t-il mieux que Bayrou ?

    La fondation d’un nouveau parti de centre-droit, l’UDI, sonne d’abord comme un échec, au moins relatif, pour l’UMP. La création de  celle-ci en 2002 avait pour objet, en rassemblant toute la droite de gouvernement dans un même parti, de mettre fin à la concurrence destructrice entre UDF et RPR qui avait largement contribué à l’élection puis la réélection de François Mitterrand à la présidence de la République. Or les gaullistes n’ont pas été capables d’intégrer réellement les autres composantes de la droite modérée et du centre dans la formation née en 2002. Jean-Louis Borloo et ses partisans ont donc décidé d’effacer dix ans d’histoire de la droite et  de revenir à l’avant 2002. En bref ils recréent l’UDF estimant que la droite modérée doit  ré-adopter une structure partisane plurielle. Sans insister ici sur les motifs, dont certains légitimes, qui peuvent avoir poussé les centristes à ce rétropédalage historique, ce qui frappe dans cette tentative de faire renaître l’UDF de ses cendres, c’est l’absence d’analyse  sur les raisons pour lesquelles la nième tentative de faire vivre un parti centriste sous la Ve république réussirait mieux que les précédentes. 

  • 15 octobre 2012

    Egypte: une transition chaotique mais pluraliste

    Egypte: une transition chaotique mais pluraliste

    Cela fait plus d’une centaine de jours que Mohamed Morsi a succédé à Hosni Moubarak comme président constitutionnellement élu. Il ne s’est rien passé de catastrophique ; il ne s’est rien passé de rassurant. Certes, le nouveau président a réussi à écarter le maréchal Tantawi, qui faisait fonction de chef de l’Etat depuis que l’Armée avait pris le pouvoir. On ne connaît pas le détail de cette manœuvre. Sans doute indique-t-elle un accord provisoire avec l’Armée. Elle permet à une génération de cadets, déjà bien avancés en âge, de parvenir au premier plan. Il n’est pas douteux que leur impatience explique, au moins pour une part, la facilité apparente avec laquelle le président Morsi a pu écarter son prédécesseur.

  • 11 octobre 2012

    EADS/BAE : pourquoi Merkel a-t-elle dit non ?

    EADS/BAE : pourquoi Merkel a-t-elle dit non ?

    L’avortement du projet de fusion entre EADS et BAE Systems ne s’explique pas principalement par des facteurs industriels et sociaux. L’échec est essentiellement politique, et la responsabilité en incombe d'abord à l’Allemagne. La décision de Berlin de bloquer le processus de fusion est symptomatique d’un désengagement plus général de l’Allemagne par rapport à la construction européenne entamée il y a plus de soixante ans.

  • 10 octobre 2012

    Comment le monde a changé Obama

    Comment le monde a changé Obama

    Obama a été un président contraint par un nombre considérable d’acteurs et de facteurs, y compris internes. Quel bilan tirer aujourd’hui de sa politique étrangère ?

  • 27 septembre 2012

    Duflot : un coup d’épée dans l’eau ?

    Duflot : un coup d’épée dans l’eau ?

    En France, chaque ministre du logement veut sa loi pour promouvoir le logement. Mme Duflot ne fait pas exception. Destiné à prendre le relais du Scellier, son projet de dispositif subventionne fiscalement les particuliers achetant un logement neuf dans un but locatif. Il est un peu plus généreux que le Scellier (la  réduction d’impôt est de 17 à 20% valable de 9 à 12 ans, contre de 13 à 17% pour le Scellier), mais un peu plus contraignant, touche écologique oblige, sur les caractéristiques énergétiques des logements éligibles et, touche sociale cette fois, sur la taille et donc le niveau de revenu des locataires potentiels. Disons-le après tous les spécialistes du logement : fausse route !

  • 24 septembre 2012

    La rupture de notre système politique

    La rupture de notre système politique

    S’il n’y a plus de gauche, il n’y a toujours pas de droite. Il y a des gauches et des droites. Et aucun des problèmes essentiels que la France a aujourd’hui à résoudre ne passe plus désormais d’abord par un affrontement gauche/droite.

  • 14 septembre 2012

    La véritable feuille de route de Harlem Désir

    La véritable feuille de route de Harlem Désir

    Au-delà des péripéties de la désignation du futur Premier secrétaire, il faut analyser les vrais enjeux de la passation de pouvoir au Parti socialiste. La principale tâche d’un premier secrétaire, lorsque ce parti est au pouvoir, est non seulement de soutenir la politique du gouvernement mais surtout d’en expliquer et défendre les principales inflexions. Lionel Jospin dut expliquer le tournant de la rigueur en 1983, François Hollande dut soutenir en 2000 l’inversion du calendrier électoral, décidée par Lionel Jospin, qui officialisait la reconnaissance par le Parti socialiste de la primauté de l’élection présidentielle dans la Ve République. Harlem désir va devoir, lui, défendre le tournant européen qui est au fondement des déclarations récentes du président de la République. L’accord de François Hollande avec les dispositions du pacte budgétaire, qui représentent un pas supplémentaire vers un fédéralisme européen, fixe la véritable feuille de route du futur premier secrétaire.

  • 10 septembre 2012

    BCE : les dessous d’un choix

    BCE : les dessous d’un choix

    Lors de sa réunion du 6 septembre, la BCE a annoncé un programme de soutien inattaquable par les marchés: elle promet des achats de dette illimités si un pays voit ses taux s’envoler. La baisse des taux qui a suivi ces annonces a été spectaculaire. Il y a dans ces nouvelles mesures une certaine ressemblance avec les politiques monétaires des banques centrales américaine et anglaise, qui rachètent depuis longtemps la dette publique de leur pays dans le but de faire baisser les taux, et avec succès. Mais est-ce que la BCE espère piloter les reformes économiques de la zone euro, ou simplement assurer la stabilité de la zone euro?

  • 3 septembre 2012

    Un tunnel peut en cacher un autre

    Un tunnel peut en cacher un autre

    On savait bien que le plus difficile pour François Hollande n’était pas de se faire élire mais de prendre le pays en charge à un moment extraordinairement difficile sur le plan économique. Son silence sur ces questions durant la campagne pouvait soit être de la tactique politique, soit l’absence de plan stratégique. Quatre mois après son élection, il n’a pas encore articulé sa vision d’une crise qui ne cesse de s’aggraver dans la zone euro. En mettant bout à bout les petites phrases des uns et des autres, on sent le débat et, peut-être la direction dans laquelle Hollande semble se diriger, et ce n’est pas très rassurant.

  • 21 août 2012

    Alep ou l’impossible victoire d’Assad

    Alep ou l’impossible victoire d’Assad

    Fin juillet, l’armée syrienne menait une contre-offensive apparemment foudroyante contre les groupes rebelles qui venaient de lancer, un peu prématurément, la « grande bataille de Damas ». Les incidents récemment survenus dans la capitale montrent que cette reprise en main n’était en réalité que superficielle. Elle a néanmoins inspiré à certains commentateurs l’idée qu’un scénario identique allait se reproduire à Alep, où des brigades rebelles coalisées sous la bannière du Liwa’ al-Tawhid (« Division de l’Unité ») sont également passées à l’attaque le mois dernier. Il est toutefois peu probable que le régime parvienne à rétablir durablement ne serait-ce qu’un semblant de calme à Alep.