• 9 janvier 2011

    Le dollar n’est pas près de perdre sa place

    Le dollar n’est pas près de perdre sa place

    Si la crise de l’euro a un côté positif, c’est qu’elle a détourné l’attention des risques pour le dollar. Il n’y a pas si longtemps, les observateurs unanimes prédisaient la fin imminente de son « privilège exorbitant » de principale monnaie internationale. Il y eut d’abord la crise financière, née aux Etats-Unis. Puis il y a eu la deuxième vague d’assouplissement quantitatif, qui semblait destinée à faire baisser le dollar sur les marchés des changes. Tout cela semblait rendre inévitable la perte de la prééminence du dollar.

  • 6 janvier 2011

    2011 : une bonne annnée pour l’Europe ?

    2011 : une bonne annnée pour l’Europe ?

    2010 a été une année terrible pour l’Europe. Il y a un an exactement, on avait de bonnes raisons de s’inquiéter de la Grèce et de ce que signifierait pour la zone euro une crise de sa dette publique. Pourtant, personne n’attendait réellement la fin d’année que nous avons connue. On pouvait envisager une contagion de la crise à d’autres pays de la zone euro dans des situations budgétaire difficiles, mais la vraie surprise a été sa mauvaise gestion. Aujourd’hui, l’architecture de la zone euro est en ruines. Les nombreux plans qui ont été avancés, annoncés sans avoir été élaborés soigneusement, se sont effondrés l’un après l’autre, et la fin n’est pas en vue.

  • 26 décembre 2010

    Cinéma indien : la revanche sur Slumdog

    Cinéma indien : la revanche sur Slumdog

    Les milieux du cinéma indien s’étaient montrés fort réservés à l’égard du film Slumdog millionnaire. Amitabh Bachchan, « dieu vivant » du cinéma indien, s'était étonné qu’un réalisateur occidental puisse obtenir un tel succès, huit oscars tout de même, en filmant sous un jour peu reluisant la pauvreté de son pays. Si le film sur le bidonville de Dharavi avait été réalisé par un metteur en scène indien, « ce ne se serait peut-être pas produit », écrivait-il, pour ensuite se rétracter lors la nomination à Hollywood. De fait, les cinéastes indiens ont reproché à Danny Boyle son peu de respect pour la complexité indienne, sa complaisance dans la peinture de la misère, et son ignorance : faire parler en anglais un gamin des rues, quelle incongruité !

  • 23 décembre 2010

    La BCE doit se préparer au pire

    La BCE doit se préparer au pire

    Dans le Financial Times du 17 décembre, Lorenzo Bini-Smaghi, membre du directoire de la Banque centrale européenne, a donné une défense magistrale, quoiqu’un rien condescendante, de la stratégie zéro-défaut actuellement menée par les autorités de la zone euro. Ses arguments sont que comme les titres de dette publique sont détenus par de très nombreux agents, un défaut nuirait aussi bien aux banques qu’aux citoyens européens, déclenchant probablement des paniques bancaires et forçant les gouvernements à prendre des mesures autoritaires analogues au corralito argentin de 2001 ; or comme les vraies démocraties ne s’autorisent pas ces pratiques on aurait donc une solution de fortune, aux conséquences bien pires que celles de politiques fiscales restrictives et de réformes structurelles.

  • 21 décembre 2010

    Mais qu’arrive-t-il aux Allemands ?

    Mais qu’arrive-t-il aux Allemands ?

    La gestion de crise par les autorités allemandes depuis un an ne cesse de surprendre : atermoiements permanents, initiatives à contretemps, déclarations brutales suivies de replis élastiques. Le résultat ? Une crise grecque qui s’étend aux pays périphériques, une crise des dettes souveraines qui devient crise de l’euro et débouche sur une crise du projet européen. Comment expliquer une politique aussi contre-productive ? Faut-il y voir les premiers pas, nécessairement maladroits, d’une nouvelle puissance affranchie des contraintes de l’après-guerre ? C’est la thèse de Jean-Louis Bourlanges. Faut-il y voir une manifestation de l’incompétence d’autorités allemandes d’envergure provinciale ?

  • 19 décembre 2010

    Les eurobonds sont-ils une solution à la crise ?

    Les eurobonds sont-ils une solution à la crise ?

    Avec l’aggravation de la crise des dettes souveraines, la question des eurobonds se repose. Elle n’est pas nouvelle. Déjà sont communautarisées les émissions de la Commission et celles de la Banque européenne d’investissement. Allant plus loin, le Premier ministre belge Yves Leterme avait lancé l’idée d’une Agence commune de la dette. Le débat a été relancé ces derniers jours par le président de l’Eurogroup Jean-Claude Juncker et le ministre italien Giulio Tremonti. Ils ont proposé la mise en œuvre d’eurobonds à l’échelle européenne, faisant un grand pas en avant avec la possibilité de mutualiser dès aujourd’hui environ la moitié de la dette commune.

  • 17 décembre 2010

    Cancún : six avancées et cinq lacunes

    Cancún : six avancées et cinq lacunes

    Le sommet de Cancún qui s'est achevé le 13 décembre a permis de refermer la parenthèse acrimonieuse du sommet de Copenhague de 2009. Mais dans deux ans, le protocole de Kyoto arrivera à échéance. Les accords approuvés à l’unanimité par les 193 pays participants au sommet permettent-ils d’aborder l’avenir avec espoir ?

  • 15 décembre 2010

    Berlusconi : l’homme qui n’a pas réformé l’Italie

    Berlusconi : l’homme qui n’a pas réformé l’Italie

    La décision de ne pas décider : voilà, en résumé, ce qu’a été depuis deux ans et demi la politique économique du gouvernement Berlusconi, confirmé hier avec une courte majorité par les deux Chambres du Parlement. Le choix de ne rien faire a conduit à une baisse du PIB de 6,5% et du revenu par habitant de plus de 7%. Certes, elle a aussi empêché une nouvelle détérioration du déficit public. Mais le gouvernement n’a fait aucune réforme structurelle, même s’il disposait d’une large majorité au Parlement. L’Italie a ainsi perdu 30 mois supplémentaires.

  • 14 décembre 2010

    Immigration : combien ça coûte ?

    Immigration : combien ça coûte ?

    Toute tentative d’évaluation de l’impact de l’immigration sur le budget public, et plus particulièrement sur les comptes sociaux, revient à entrer en terrain miné. Banale dans les pays anglo-saxons, la moindre étude de ce genre a longtemps été soupçonnée en France d’intentions malignes à l’encontre des quelque 5,3 millions d’immigrés (dont plus de 2 millions sont aujourd’hui français). Et pourtant !

  • 12 décembre 2010

    Déforestation : Cancún n’a pas tenu ses promesses

    Déforestation : Cancún n’a pas tenu ses promesses

    Le mécanisme REDD+ (Réduction des Émissions issues de la Déforestation et de la Dégradation) était l’un des rares domaines dans lequel des avancées étaient attendues à Cancún. Ceux qui attendaient des clarifications à l’architecture de la chose seront déçus. Une fois de plus, les décisions opérationnelles ont été repoussées à plus tard. Politiquement, on peut voir dans la mention des droits des populations autochtones et des communautés locales et dans l’absence de référence directe au marché du carbone, des points marqués par l’aile gauche, conduite par la Bolivie et soutenue par des ONG sociales et antilibérales, contre une aile droite emmenée par de pays comme l’Australie et les USA, appuyée par des ONG de stricte conservation des forêts.

  • 9 décembre 2010

    Dépénalisation du cannabis : que dit l’économie ?

    Dépénalisation du cannabis : que dit l’économie ?

    L’usage non médical du cannabis est dangereux pour la santé. Y a-t-il un moyen plus efficace d’en contrôler la consommation ? Sa distribution est dangereuse pour la sécurité, comme le montre un drame récent à Marseille. Y a-t-il un moyen de faire que cette consommation ne profite pas aux trafiquants ? La position libérale sur ces questions mérite d’être soumise à l’analyse, parce qu’elle repose sur un usage habile des mécanismes de marché et des meilleures techniques du marketing. Parce que, légal ou pas, le marché des drogues reste un marché, soumis à la loi de l’offre et de la demande.

  • 7 décembre 2010

    Retraite : les réformes britanniques

    Retraite : les réformes britanniques

    Le système de retraites britanniques figure parmi les plus complexes, avec trois composantes principales : la retraite servie par l'État, les complémentaires et des prestations ciblées en fonction des moyens. Les réformes récentes accentuent la différence de conception avec le modèle français, tant dans les problèmes identifiés que dans les solutions apportées.

  • 3 décembre 2010

    Crise bancaire : les marchés comptent sur les États

    Crise bancaire : les marchés comptent sur les États

    L’agitation des marchés autour de l’Irlande est la conséquence directe des problèmes qui affectent son système bancaire et de la garantie que le gouvernement irlandais a consentie aux banques. Les États européens ont engagé beaucoup d’argent pour sauver leurs banques. Mais surtout, ils fournissent au secteur bancaire une garantie implicite, dont le niveau dépasse probablement les sommes explicitement engagées jusqu’ici. Cela apparaît nettement quand on observe le cours des credit default swaps (CDS) qui mesurent le risque de défaut évalué par les marchés. On remarque en effet un mouvement parallèle entre le cours des CDS des dettes publiques et du secteur financier.

  • 1 décembre 2010

    Droits de l’Homme : l’Union pourra-t-elle s’imposer ?

    Droits de l’Homme : l’Union pourra-t-elle s’imposer ?

    La crise ouverte par la France à propos de l’expulsion des Roms est bien plus qu’un simple épisode qui mettra plus ou moins de temps à cicatriser. C’est en fait le symptôme d’un phénomène plus profond qui montre que la pleine intégration des droits fondamentaux dans le droit de l’Union bouleverse les pratiques institutionnelles. Il y a de fait deux scénarios possibles : soit l’Union est capable de rappeler aux Etats membres leurs obligations et se montre exigeante quant à la protection des droits de l’Homme, soit elle échoue à s’imposer sur ce terrain et laisse le champ libre aux Etats membres. Il faudrait alors constater que l’Europe est plus une réalité pour les entreprises que pour ses citoyens.

  • 29 novembre 2010

    Aubry ne peut plus temporiser

    Aubry ne peut plus temporiser

    En quelques jours, la situation politique de Martine Auby s’est fortement dégradée. Sa majorité est sur le point d’exploser puisque les fabiusiens soutiennent désormais clairement la candidature éventuelle de Dominique Strauss-Kahn, tandis que la gauche du Parti socialiste, qui constitue un élément important de sa propre majorité, fait pression sur elle pour qu’elle soit candidate et demande, avec beaucoup d’autres personnalités du parti, d’avancer le calendrier des primaires, auquel jusqu’à présent elle s’est montrée obstinément attachée. Sans probablement que ce soit intentionnel, la position d’attente indéterminée de DSK est en train d’étouffer progressivement la Première secrétaire.

  • 28 novembre 2010

    Irlande : pourquoi les marchés ne se calment pas

    Irlande : pourquoi les marchés ne se calment pas

    Alors que l’Irlande a demandé l’aide européenne, les marchés ne se calment pas. Comment l’expliquer ? Cela tient en partie à des raisons propres à l’Irlande, mais également aux problèmes d’autres pays de la zone euro et, plus généralement, à la construction même de l’union monétaire. Les craintes qui se sont cristallisées avec l’appel au secours de l’Irlande portent davantage sur la façon dont la zone euro fait face à cette crise que sur les seules perspectives budgétaires d’un Etat représentant moins de 2% du PIB de la zone.

  • 26 novembre 2010

    Vivre sans vies ?

    Vivre sans vies ?

    Un flux constant d’événements et de situations traverse l’espace de nos existences. Même si le mouvement et le changement perpétuels sont intrinsèques à la modernité, l’irruption des technologies numériques au cœur de notre quotidien nous a fait franchir une nouvelle étape. La stabilité, la pertinence et la cohérence qui, même ténues, persistaient dans la vie moderne sont structurellement atteintes par les artefacts informationnels. Nous vivons un présent augmenté et fragmenté. Mais les liens aux trajectoires de vie s’affaiblissent, se brouillent et dans certains cas se brisent.

  • 23 novembre 2010

    PS : la roue de la distribution étatique

    PS : la roue de la distribution étatique

    La Convention pour l’égalité réelle du PS a accouché d’un texte formidable. Elle se propose de faire tourner la grande roue de la redistribution étatique afin de réduire toutes les disparités : de salaires, de revenus, d’éducation, de logement, de santé, d’équipement des territoires, de mobilité, et de statut. En dehors des traditionnels ennemis du peuple, qui pourrait ne pas adhérer à ce programme, collectif pour ne pas dire collectiviste, et offrant de surcroît l’avantage de ne pas être chiffré ? Pourtant, un volet de ce programme retient l’attention : il concerne l’éducation et l’insertion des jeunes.

  • 21 novembre 2010

    Diversité : retour sur un fiasco politique

    Diversité : retour sur un fiasco politique

    Après Rachida Dati l’an passé, c’est au tour de Fadela Amara et de Rama Yade de quitter le gouvernement. Trois figures de la diversité portées au pinacle par les médias se trouvent ainsi évincées du pouvoir. Or curieusement, ces départs qui sonnent comme un formidable échec n’ont donné lieu à aucune interprétation politique globale. Il faut pourtant essayer d’en trouver.

  • 19 novembre 2010

    L’échec annoncé de la Présidence française du G20

    L’échec annoncé de la Présidence française du G20

    La réforme des retraites engrangée et le nouveau gouvernement en place, Nicolas Sarkozy va pouvoir élargir son horizon et déployer son énergie proverbiale à réformer le monde. Ce ne sont pas les ambitions qui lui manquent. Il a l’intention de reconstruire le système financier mondial, de réaliser un monde multipolaire, et de remettre à leur place les spéculateurs, sans compter les incendies qu’il devra éteindre, en partenariat ou concurrence avec DSK, si la crise économique et financière qui couve se déclare à nouveau. Et pourtant, il va droit à l’échec, parce qu’il n’a pas pris le soin de comprendre comment fonctionne le système monétaire international ni même à quoi sert la finance.