• 9 février 2012

    Une révolution sans bonnet phrygien : la discipline budgétaire permanente

    Une révolution sans bonnet phrygien : la discipline budgétaire permanente

    Ceux qui aspirent à présider la France ne semblent pas avoir compris qu’ils vont devoir effectuer un virage historique à 180 degrés : l’ère des déficits budgétaires est terminée. Depuis 1974, bientôt quarante ans, aucun gouvernement n’a équilibré ses comptes. Le moyen d’échapper à la loi d’airain de la discipline budgétaire est de repousser les échéances en empruntant, mais le risque est, bien sûr, d’emprunter sans limite. C’est très joli de pester contre les agences de notation, de les qualifier d’anglo-saxonnes pour suggérer un complot ou une déviance psychiatrique. Mais la discipline budgétaire n’est pas une question de gauche ou de droite, et encore moins de volontarisme politique. Elle s’impose à tous et, un jour ou l’autre, il faut s’y mettre. Ce jour est arrivé, c’est le sens profond de la crise des dettes souveraines dans laquelle l’Europe se débat.

  • 8 février 2012

    ENA: le faux problème du classement

    ENA: le faux problème du classement

    Après plusieurs tentatives avortées, le récent renoncement du gouvernement à faire adopter la suppression du classement de sortie à l’École nationale d’administration (ENA) sous la forme d’un amendement au projet de la loi sur la précarité dans la fonction publique marque l’abandon d’une réforme annoncée par le président Sarkozy en 2008. L’ambition était de remplacer l’affectation systématique des meilleurs élèves, généralement issus du concours externe, dans les grands corps de l’État (Inspection des Finances, Conseil d’État, Cour des comptes) par une procédure d’entretiens supposée permettre de mieux concilier les besoins des administrations avec les attentes des fonctionnaires. Qu’en penser ?

  • 2 février 2012

    Piratage : on rouvre le dossier

    Piratage : on rouvre le dossier

    Après maintes hésitations, François Hollande a tranché : s’il emporte la Présidentielle, il supprimera la loi Hadopi. Au profit de quoi ? « Une grande loi signant l’acte 2 de l’exception culturelle » réconciliant internautes et créateurs. Jusqu’ici tout va bien. S’agit-il du retour vers la mythique licence globale ? Non, répond Aurélie Filippetti, qui s’occupe de la culture dans son équipe de campagne. François Hollande n’envisage pas cette solution qui suppose la dépénalisation de tout téléchargement et de tout échange entre particuliers. En revanche, il préconise de renforcer la lutte contre la contrefaçon commerciale, de favoriser des offres légales, de doper le financement des contenus par tous les intervenants dans la filière numérique, notamment les FAI (Fournisseurs d’accès internet), et éventuellement Google. Il envisage d’y faire également participer les usagers.

  • 31 janvier 2012

    Comment vraiment aider les jeunes

    Comment vraiment aider les jeunes

    La situation des jeunes et les moyens de l’améliorer sont un des enjeux importants de la campagne présidentielle qui s’ouvre. Cette situation semble refléter une bonne partie des difficultés et des blocages propres à la société française. Mais pour bien l’appréhender il faut évidemment produire un bon diagnostic. Une des questions centrales est de déterminer s’il faut mettre en œuvre une action globale en direction de l’ensemble de la jeunesse ou s’il convient plutôt d’adopter une politique ciblée en faveur de certaines franges particulièrement défavorisées.

  • 30 janvier 2012

    Les fantômes du 21 avril 2002

    Les fantômes du 21 avril 2002

    Les craintes de vivre un nouveau « 21 avril », qui prendrait en l’occurrence la forme d’un « 21 avril à l’envers », sont certainement plus fondées aujourd’hui qu’elles ne pouvaient l’être il y a cinq ans. Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle de 2002 reste, en effet, un cauchemar qui hante la plupart des formations politiques en France, à l’exception bien entendu de l’extrême droite. Lorsque l’on parle du 21 avril, on fait bien évidemment référence au choc de la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour et de l’élimination corrélative de Lionel Jospin, le Premier ministre sortant. Mais on tend à oublier les autres dimensions spécifiques de ce scrutin si singulier.

  • 29 janvier 2012

    Du discours en politique

    Du discours en politique

    La politique est d’abord une activité belliqueuse. Comme la guerre, elle exige de ceux qui aspirent aux plus hautes responsabilités qu’ils possèdent un charisme, une capacité de leadership qui leur permettent à la fois de donner confiance à leurs troupes et de les mobiliser à la veille du combat. Le moyen le plus ancien et le plus efficace de montrer cette capacité est la harangue ou le discours. C’est par le discours que le chef, en s’adressant directement à ses troupes, peut s’imposer à elles et les mener au combat. C’est cette capacité qui semblait manquer ces derniers temps à François Hollande et qui provoquait un certain flottement chez ses partisans. Par un seul discours, celui qu’il a prononcé le 22 janvier dernier au Bourget, il a balayé les interrogations de son camp et assuré son leadership. Il est enfin apparu comme un chef.

  • 24 janvier 2012

    Regard froid sur le printemps arabe

    Regard froid sur le printemps arabe

    L’année dernière, l’Afrique du Nord et le Proche-Orient étaient agités par ce que l’on a appelé le « Printemps arabe ». On a cru à un jeu de dominos partant de Tunisie, atteignant l’Égypte puis le Bahreïn, le Yémen, la Libye, la Syrie voire, revenant vers l’Ouest, le Maroc. Un an après, la réalité apparaît plus contrastée, plus complexe et, finalement, moins triomphale.

  • 23 janvier 2012

    Roumanie : symptômes d’une crise profonde

    Roumanie : symptômes d’une crise profonde

    Depuis maintenant dix jours, des Roumains sortent chaque soir dans la rue pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du régime, de la classe politique, de la corruption et de l’austérité. Ce sont les manifestations les plus importantes depuis la Révolution de décembre 1989 qui a mené à la chute du communisme. Ces événements, assez peu couverts par la presse occidentale, méritent que nous nous arrêtions davantage sur leurs causes profondes, leur importance et leurs conséquences, puisqu’ils sont annonciateurs d’un réveil de la société civile dans un pays où celle-ci semblait endormie, bernée par la découverte de la société de consommation après quarante-cinq ans de communisme.

  • 16 janvier 2012

    Les emplois électoraux

    Les emplois électoraux

    Un président-candidat qui finance, avec l’argent de la SNCF, le rachat de Seafrance par une SCOP de marins. Une candidate écologiste déterminée à sauver une raffinerie de pétrole sans débouchés, Petroplus Petit-Couronne. Une ministre qui veut arracher à la liquidation Photowatt, un producteur de panneaux solaires dont le marché a été tari par son propre gouvernement. L’approche des élections conduit le gouvernement à faire feu de tout bois pour éviter les licenciements dans les entreprises qui font la Une des médias. Mieux encore, le président-candidat, dans un accès d’hyper-volontarisme, entend apporter des solutions durables à ces faillites industrielles et faire ainsi la preuve que contrairement à ce qu’affirmait Lionel Jospin, « l’Etat peut tout faire ». Pour les salariés des entreprises les plus en vue, c’est une bonne nouvelle. Un répit de quelques mois est bon à prendre dans un marché de l’emploi très dégradé. Mais pour l’économie française c’est un pur exercice d’anti-pédagogie.

  • 12 janvier 2012

    Irak : les Etats-Unis partent, la crise s’aggrave

    Irak : les Etats-Unis partent, la crise s’aggrave

    En Irak, les États-Unis n’ont pas laissé derrière eux « un État souverain, stable, autosuffisant », comme le déclarait au mois de décembre Barack Obama. Et pour cause, alors même que les dernières troupes américaines s’apprêtaient à quitter le pays, l’Irak plongeait dans une nouvelle phase de crise politique, aux accents cette fois ouvertement confessionnels. Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, décrié depuis des mois pour ses penchants autoritaires, annonçait en effet un mandat d’arrêt contre le vice-président Tarek al-Hachimi, l’accusant de liens avec l’ancien parti Baas et avec la mouvance terroriste Al-Qaïda, et exigeait le limogeage du vice-Premier ministre Saleh al-Moutlak, un ancien Baasiste connu pour son nationalisme virulent. Outre leur appartenance commune au bloc d’opposition Iraqiyya, deuxième force politique du pays conduite par l’ancien chef de gouvernement Iyad Allawi, les deux hommes sont sunnites.

  • 11 janvier 2012

    TVA sociale ou dévaluation fiscale ?

    TVA sociale ou dévaluation fiscale ?

    La « TVA sociale » est de nouveau d'actualité. Le principe est simple : il s’agit de transférer quelques points de cotisations sociales (employeurs et/ou employés) vers la TVA ; d’abaisser le coût du travail et de reporter la charge fiscale sur la consommation. Le but est triple : stimuler l’emploi par une baisse des charges sociales ; redresser le solde commercial en améliorant la compétitivité-prix de nos exportations (soumises à la TVA de nos partenaires) tout en taxant pleinement nos importations (soumises à notre TVA) ; améliorer l’efficacité de notre économie en nous appuyant davantage sur un impôt réputé peu distorsif.

  • 8 janvier 2012

    Le modèle allemand est mité

    Le modèle allemand est mité

    Des deux côtés du Rhin, il est admis que, en ce qui concerne la discipline budgétaire, l’Allemagne est vertueuse et la France frivole. Cette vision a le mérite de conforter les préjugés ethniques qui servent de mode de raisonnement, mais elle a l’inconvénient de ne pas correspondre à la réalité. Si l’on classe les 27 pays de l’Union Européenne en fonction de la taille de leur dette publique (en pourcentage du PIB), l’Allemagne occupe la 8e position, juste derrière la Grande-Bretagne et la France, mais ces trois pays arrivent dans un mouchoir de poche. Ils sont effectivement ex æquo en 6e position. Depuis quarante ans, les dettes publiques de la France et de l’Allemagne ont considérablement augmenté et ont presque toujours été pratiquement égales. Contrairement aux préjugés ethniques, les Allemands parlent beaucoup de leur vertu et les Français s’autoflagellent.

  • 14 décembre 2011

    Nicolas Sarkozy peut-il être réélu ?

    Nicolas Sarkozy peut-il être réélu ?

    Depuis quelques semaines, Nicolas Sarkozy semble avoir rétabli une partie de sa position politique. Sa popularité s’est accrue. Il a rassemblé son camp après une période de cacophonie. C’est paradoxalement lui qui est à l’offensive et non l’opposition. Son omniprésence sur la scène européenne dans une crise majeure a renforcé sa crédibilité présidentielle. Son parti paraît moins pessimiste sur les chances du président d’être réélu et a lancé vigoureusement sa campagne électorale contre la gauche et son candidat. Il y a seulement deux mois, les chances de réélection de Nicolas Sarkozy semblaient très faibles. Aujourd’hui, sa défaite paraît moins assurée. Pour autant, les paramètres principaux de la prochaine élection présidentielle ne jouent pas en sa faveur. Le scenario de sa réélection n’est pas le plus probable.

  • 9 décembre 2011

    France : l’étrange débat européen

    France : l’étrange débat européen

    L’Europe est devenue un thème central de la campagne électorale française. Longtemps évitée, comme tous les thèmes qui divisent les principaux camps, elle s’impose désormais comme un élément incontournable de l’affrontement entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Non pas que ceux-ci l’aient souhaité mais simplement parce qu’ils sont bien forcés d’accepter la réalité : la crise est européenne ; seuls, les États ne peuvent pas y faire face.

  • 6 décembre 2011

    Égypte: la démocratie électorale fait ce qu’elle peut…

    Égypte: la démocratie électorale fait ce qu’elle peut…

    Aux élections législatives du weekend dernier, les Frères musulmans ont obtenu plus de 36% des voix, les salafistes plus de 24% et le parti islamiste modéré Wasat (Le Centre) un peu plus de 4%. Cela fait 65% des voix en faveur des islamistes. Il n’y avait aucune raison sérieuse pour que l’effervescence libérale de la place Tahrir modifie la sociologie égyptienne. Mais comment comprendre la nouvelle donne politique ?

  • 5 décembre 2011

    Presse : le défi de l’information augmentée

    Presse : le défi de l’information augmentée

    Depuis plusieurs années, le sort de la presse quotidienne imprimée est en sursis. Tout se délite autour de ce fleuron des médias. A la fin du XIXe siècle, l’intellectuel Gabriel Tarde en encensait les vertus démocratiques, la désignait comme l’outil de l’émancipation individuelle et de la pacification des rapports humains. Aujourd’hui, elle semble appartenir à une époque révolue, et, pourtant, comme un malade que personne ne consent à voir disparaître, elle mobilise tous les soins des pouvoirs publics (rapport du Centre d’analyse stratégique, novembre 2011). Comment enrayer son déclin ? Comment lui injecter du sang neuf ?

  • 3 décembre 2011

    Zone euro : l’intergouvernemental ne marche pas !

    Zone euro : l’intergouvernemental ne marche pas !

    Le traitement de la crise de la zone euro ne s’adresse pas à la zone euro dans son ensemble. Au contraire, chaque étape de résolution de la crise depuis deux ans s’est attachée à distinguer les situations : d’abord parce que chaque traitement d’éruption de crise est fait au cas par cas national, ensuite parce que le mode de gestion de la crise revient sur la méthode communautaire pour privilégier l’intergouvernemental.

  • 2 décembre 2011

    Maroc: la victoire électorale de la monarchie

    Maroc: la victoire électorale de la monarchie

    La victoire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) est une victoire pour le système politique marocain. Démonstration est faite, en effet, de ce que réformer un système politique est possible, et que cela accouche plus vite, plus efficacement et avec moins de souffrances de transformations sérieuses. Il faut souligner quatre traits fondamentaux du processus ayant permis l’intégration politique de l’islamisme : l’inscription de la réforme politique marocaine dans la durée ; la capacité à gérer politiquement la contestation ; le choix de la transformation contrôlée du système ; le pari légitimiste de l’islamo-démocratie conservatrice.

  • 1 décembre 2011

    Madame Merkel, écoutez monsieur Monti !

    Madame Merkel, écoutez monsieur Monti !

    La vertu des crises aigues est de simplifier les termes du débat. Quand les banques peinent à se refinancer et contractent l’offre de crédit, quand des États notés AAA ont du mal à réussir des placements limités de dettes, quand la récession s’installe et que les investisseurs américains ou asiatiques se défont de leurs actifs en euros il n’est plus temps de tergiverser. Pour éviter un enchaînement fatal à l’euro, les Européens doivent aujourd’hui abattre leurs cartes. Pour madame Merkel, la solution réside dans la création rapide d’une union budgétaire qui deviendra un havre de stabilité. Cette annonce devrait selon elle produire un choc de confiance et faire reculer la spéculation contre les dettes souveraines européennes, même si la réalisation pratique de cette union peut prendre du temps.

  • 30 novembre 2011

    La Chine effraie-t-elle ses voisins du sud ?

    La Chine effraie-t-elle ses voisins du sud ?

    Lors du Sixième Sommet est-asiatique qui s’est tenu à Bali le 19 novembre, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a été la cible de nombreuses critiques de la part des dix chefs d’État membres de l’Association des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN), à la fois pour les revendications territoriales chinoises et pour les dernières provocations en mer de Chine du sud. Soutenus par les États-Unis ainsi que l’Inde, l’Australie et le Japon, les pays de l’ASEAN ont insisté pour que se tiennent des négociations multilatérales sur ces questions, alors que les Chinois sont restés fermes sur le principe des solutions bilatérales, dans lesquelles ils ont un avantage asymétrique.