• 18 décembre 2012

    Climat : l’Europe dindon de la farce ?

    Climat : l’Europe dindon de la farce ?

    Au terme de deux semaines de discussion ponctuées par des séances marathon de négociations de dernière minute et au delà, la Conférence sur le climat de Doha au Qatar a finalement abouti à un accord. Certains y verront le signe que le processus amorcé de depuis Rio en 1992 ou Kyoto en 1997 continue et pourrait mener un jour à une convention internationale bien plus importante. En effet, dans la résolution finalement « adoptée » contre des objections majeures de la part de la Russie et de manière moindre de celle des Etats-Unis figure une continuation du Protocole de Kyoto jusqu’en 2020 et la perspective très vague d’un accord beaucoup plus global entre 2015 et 2020 ainsi que des mesures de compensation également peu précises pour les pays les plus pauvres victimes du changement climatique. Le problème est que les pays qui ont accepté de reprendre les obligations du protocole de Kyoto jusqu’en 2020 sont en majorité des pays européens puisqu’entretemps le Canada, la Russie et le Japon ont décidé de le quitter.

  • 12 décembre 2012

    Y a-t-il un incivisme fiscal ?

    Y a-t-il un incivisme fiscal ?

    Starbucks vient d’annoncer que, quoi qu’il arrive, la société paierait pour les deux prochaines années un montant de 10 millions de livres de taxes au Trésor britannique sur une base volontaire. Même dans l’hypothèse de résultats déficitaires, la chaine de Seattle s’engage à acquitter plus qu’elle n’a jamais payé depuis les treize ans de son installation outre-Manche. Ce surcroît de civisme n’a rien à voir avec une soudaine conversion au capitalisme rhénan ou à la nomination d’un CEO crypto-marxiste. Il s’agit au contraire d’éviter à tout prix que l’image de la chaîne soit durablement affectée par la violente polémique qui agite la société britannique : alors que l’économie du Royaume-Uni affiche semaine après semaine des perspectives de plus en plus noires, alors que le gouvernement conservateur persiste dans une politique de coupes drastiques dans les budgets publics, il est apparu que des firmes aussi prestigieuses que Starbucks, Google ou Amazon ne s’acquittaient de pratiquement aucun impôt au Royaume-Uni.

  • 28 novembre 2012

    L’étrange fiscalité de l’intéressement

    L’étrange fiscalité de l’intéressement

    Durant l’été 2012, le gouvernement a fait voter une hausse de 8 à 20% du « forfait social », cette taxe pesant sur tous les éléments de la rémunération du salarié qui échappent aux cotisations sociales, dont essentiellement la participation et l’intéressement (ci-après la « participation »). Ce n’est, en accéléré, que la poursuite d’une montée continue depuis 2009 : le « forfait » a été mis en place cette année-là au taux de 2%, puis augmenté de deux points chaque année, jusqu'au récent bond à 20%. C’est un mouvement majeur dans sa philosophie fiscale. Comme tel, il mérite un vrai débat national et non ce grignotage subreptice et peu démocratique. L’Etat doit-il encore largement subventionner les formules de participation salariale ? La réponse doit être donnée clairement : c’est non !

  • 27 novembre 2012

    Les États-Unis vont-ils se désintéresser du Proche-Orient ?

    Les États-Unis vont-ils se désintéresser du Proche-Orient ?

    Alors que les Nations unies s’apprêtent à voter en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien doté d’un statut d’observateur, une forme d’évidence stratégique semble vouloir s’imposer : les États-Unis seraient en train de se libérer de leur dépendance énergétique vis-à-vis du Proche-Orient, entraînant leur retrait politique de cette région du monde. Ainsi se trouverait conforté le basculement de leur stratégie vers l’Asie : le fameux pivot. Cette vérité d’évidence, qui a pour avantage d’être intuitivement juste, mérite néanmoins d’être sérieusement revisitée.

  • 21 novembre 2012

    La France est-elle vraiment l’homme malade de l’Europe ?

    La France est-elle vraiment l’homme malade de l’Europe ?

    L’hebdomadaire The Economist l’a dit, la presse et les milieux économiques allemands en débatent quotidiennement, le FMI s’en inquiète ouvertement. Après l’Espagne ce sera l’Italie, et après l’Italie c’est la France qui entrera en crise de la dette publique. Ce pourrait être alors la fin de l’euro, parce que la France, c’est trop gros, et parce que la France pourrait entraîner l’Allemagne si d’aventure elle essayait de sauver la France. Que penser de cette montée d’angoisse ?

  • 8 novembre 2012

    Gallois, la gauche et la compétitivité

    Gallois, la gauche et la compétitivité

    Avec la publication du rapport Gallois, François Hollande était confronté à un triple problème : que faire d’un rapport qui réfute la doxa socialiste sur les problèmes de compétitivité, quel parti en tirer en termes de politiques publiques, comment inscrire l’action nécessaire dans le contexte politique et économique dégradé de novembre 2012. Comment interpréter la réponse donnée à ces trois questions ?

  • 26 octobre 2012

    Peut-on superviser les banques sans argent ?

    Peut-on superviser les banques sans argent ?

    Avec quel budget l’Autorité bancaire européenne (ABE) – European Banking Authority – a-t-elle fonctionné depuis son entrée en fonction en janvier 2011 ? La réponse est : 20 millions d’euros, soit à peu près 8 fois moins, par exemple, que le budget de l’Autorité de contrôle prudentiel française (ACP). Force est de constater que l’ABE n’a guère eu les moyens de sa mise en route alors même qu’il lui fallait asseoir sa crédibilité pour pouvoir incarner le gendarme du secteur bancaire européen. Certes, c’est à la BCE que l’Union européenne s’apprête à confier la surveillance des banques. Or, cette fonction aurait sans doute mieux convenu à l’ABE qu’à la BCE.

  • 22 octobre 2012

    Les Français sont-ils dans le déni ?

    Les Français sont-ils dans le déni ?

    Un climat anti-entreprise flotte sur Paris. Du «Casse-toi riche con!» de Libération à l’augmentation programmée jusqu’à 60% de la taxation des plus-values de cession, un désamour s’est installé entre la gauche et l’entreprise. Quelles que soient les arrière-pensées politiques qui ont pu la motiver, la révolte des «pigeons» souligne le grand écart entre la complexité du monde économique d’aujourd’hui et une conception archaïque de l’entreprise présente dans le discours ambiant, relayée, voire durcie par le gouvernement actuel et surtout enkystée dans la législation.

  • 11 octobre 2012

    EADS/BAE : pourquoi Merkel a-t-elle dit non ?

    EADS/BAE : pourquoi Merkel a-t-elle dit non ?

    L’avortement du projet de fusion entre EADS et BAE Systems ne s’explique pas principalement par des facteurs industriels et sociaux. L’échec est essentiellement politique, et la responsabilité en incombe d'abord à l’Allemagne. La décision de Berlin de bloquer le processus de fusion est symptomatique d’un désengagement plus général de l’Allemagne par rapport à la construction européenne entamée il y a plus de soixante ans.

  • 9 octobre 2012

    Pigeons volent…

    Pigeons volent…

    Le gouvernement est dans l’embarras : peut-on trouver gens plus sympathiques que les fondateurs de start-up ? Manifestement non : d’où la gêne quand ceux-ci s’insurgent contre le projet de loi de finances qui taxe de même façon au barème de l’impôt sur le revenu, les revenus du travail et les plus-values de cession. Alors ?

  • 4 octobre 2012

    EADS-BAE : un projet à revoir

    EADS-BAE : un projet à revoir

    Pourquoi fusionner deux entreprises qui ne dégageront pas de synergies de coût et vont se heurter à des obstacles réglementaires et politiques considérables ? L’argument de la taille suffit-il ? Croit-on vraiment que la création d’un Boeing européen peut suffire à lever les réelles objections industrielles et financières que soulève ce projet ? L’argument du rééquilibrage du portefeuille d’activités entre militaire et civil, entre marché européen et marché américain, justifie-t-il davantage cette fusion quand on sait que le marché militaire est déclinant des deux côtés de l’Atlantique et que l’accès au marché américain est restreint ?

  • 18 septembre 2012

    Sarko et les régimes spéciaux : anatomie d’un fiasco

    Sarko et les régimes spéciaux : anatomie d’un fiasco

    La réforme des régimes spéciaux de retraite de la RATP et de la SNCF, menée tambour battant à l’automne 2007, avait été présentée comme une grande victoire du sarkozysme. Pourtant, des doutes avaient germé à l’époque parmi responsables et élus, au point que certains ont même pensé alors qu’il aurait mieux valu ne pas réformer ! Pour dissiper ces doutes, il faut faire des calculs fastidieux et disposer de certaines données. Ces calculs, nous les avons faits dans une étude qui vient d’être rendue publique et qui se concentre sur l’exemple des conducteurs de métro de la RATP. Il se trouve que sort au même moment, le 13 septembre 2012, un rapport de la Cour des comptes, qui, dans son Chapitre VI, revient sur les retraites de la SNCF et de la RATP, donne un « son de cloche » également très critique, et fournit d’intéressantes informations, en particulier sur la SNCF.

  • 10 septembre 2012

    BCE : les dessous d’un choix

    BCE : les dessous d’un choix

    Lors de sa réunion du 6 septembre, la BCE a annoncé un programme de soutien inattaquable par les marchés: elle promet des achats de dette illimités si un pays voit ses taux s’envoler. La baisse des taux qui a suivi ces annonces a été spectaculaire. Il y a dans ces nouvelles mesures une certaine ressemblance avec les politiques monétaires des banques centrales américaine et anglaise, qui rachètent depuis longtemps la dette publique de leur pays dans le but de faire baisser les taux, et avec succès. Mais est-ce que la BCE espère piloter les reformes économiques de la zone euro, ou simplement assurer la stabilité de la zone euro?

  • 3 septembre 2012

    Un tunnel peut en cacher un autre

    Un tunnel peut en cacher un autre

    On savait bien que le plus difficile pour François Hollande n’était pas de se faire élire mais de prendre le pays en charge à un moment extraordinairement difficile sur le plan économique. Son silence sur ces questions durant la campagne pouvait soit être de la tactique politique, soit l’absence de plan stratégique. Quatre mois après son élection, il n’a pas encore articulé sa vision d’une crise qui ne cesse de s’aggraver dans la zone euro. En mettant bout à bout les petites phrases des uns et des autres, on sent le débat et, peut-être la direction dans laquelle Hollande semble se diriger, et ce n’est pas très rassurant.

  • 16 juillet 2012

    PSA: l’Etat ne peut pas tout

    PSA: l’Etat ne peut pas tout

    La fermeture programmée d’Aulnay, une fois annoncée, nourrit, comme il fallait le prévoir, une rhétorique de la guerre sociale, de la stigmatisation patronale et un appel à l’Etat protecteur. Avec un bel ensemble la majorité veut faire rendre gorge aux croqueurs de dividendes et les contraindre à rembourser les aides passées, l’opposition dénonce les surcoûts salariaux que la TVA sociale allait corriger, et les syndicats par la bouche d’un délégué CGT proclament : « On est une bombe sociale, une bombe politique et on va l’utiliser ! » Un moment on avait caressé l’espoir d’un nouveau mode de résolution des conflits, d’une appréhension réaliste par les pouvoirs publics de la crise industrielle. Faudrait-il déjà y renoncer ?

  • 12 juillet 2012

    Non, les banques ne sont pas trop taxées !

    Non, les banques ne sont pas trop taxées !

    Le collectif budgétaire annoncé début juillet prévoit le doublement de la taxe sur le risque systémique. Cette taxe s’applique déjà depuis le 1er janvier 2011 aux grandes banques françaises. Doit-on en déduire que le secteur bancaire est trop taxé comme le pensent les banques ?

  • 10 juillet 2012

    Pourquoi la méthode suisse est préférable à la règle d’or

    Pourquoi la méthode suisse est préférable à la règle d’or

    Le président Hollande a réussi un coup politique : transformer son acceptation du pacte budgétaire en succès domestique. Il a désormais la possibilité de sortir la France de l’ornière dans laquelle elle se trouvait lorsqu’il est arrivé à l’Élysée. Il reste à se préoccuper du contenu de la version française du pacte. La question est d’importance stratégique. Si la réponse est la bonne, la France peut échapper à la contagion et réduire sa dette.

  • 5 juillet 2012

    Faut-il brider les hauts salaires ?

    Faut-il brider les hauts salaires ?

    Le débat sur les rémunérations excessives – bonus, options et avantages divers des dirigeants d’entreprises – n’est pas une exception française. Sous des formes diverses, cette question est débattue aux USA, en Suède, en Allemagne et même au Royaume-Uni où le gouvernement conservateur vient d’annoncer des mesures pour en améliorer le contrôle. Comment peut-on aborder ce problème et essayer de le régler ?

  • 28 juin 2012

    Euro : regardons plutôt vers les Etats-Unis !

    Euro : regardons plutôt vers les Etats-Unis !

    A suivre les débats sur le sauvetage de l’euro, le choix serait entre plus d’Europe et la fin de la monnaie unique. Et bien, c’est inexact. En dehors du modèle allemand, il nous faut peut-être revisiter le modèle américain.

  • 25 juin 2012

    L’initiative de croissance Hollande

    L’initiative de croissance Hollande

    L’économie ralentit partout dans la planète, l’eurozone est en récession et les crises bancaires et de la dette souveraine en Europe menacent de plonger le monde dans la dépression. C’est dans ce contexte et fort d’une légitimité récemment acquise que François Hollande a proposé son plan de sortie de crise pour la zone euro. Celui-ci comporte trois volets : une relance européenne par l’investissement, une union bancaire pour sauver éviter le « bank run » et une stratégie fédéraliste gradualiste. La relance par l’investissement vise à sortir d’une stratégie austeritaire dont on voit les ravages en Grèce et maintenant en Espagne. L’union bancaire outre qu’elle corrige une faille du Traité de Maastricht et facilite le traitement de la crise espagnole permet de mettre fin à la liaison perverse entre banques en difficulté et Etats impécunieux. L’union politique projetée est fondée sur le parallélisme entre transferts progressifs de souveraineté en matière budgétaire et mutualisation progressive de la dette. Aucune de ces propositions ne va de soi. C’est le volet croissance qui jusqu’ici a suscité l’attention la plus grande et pourtant sa portée sera beaucoup plus faible qu’un accord européen sur le relâchement de la contrainte de court terme de réduction des déficits. Qu’on en juge.