• 22 février 2011

    G20 : la Chine acteur pivot

    G20 : la Chine acteur pivot

    Le G20 a du mal à s’affirmer comme instance politique capable de résoudre énergiquement les risques systémiques, notamment financiers, et déçoit donc ceux qui en espéraient le plus. En même temps, force est de constater que le G20 ministériel de samedi dernier à Paris a réussi là où Séoul avait échoué : l’élaboration d’indicateurs communs pour le suivi des déséquilibres économiques internationaux, notamment en séparant les composantes du compte courant et en évitant le suivi direct des réserves de change. Cette petite victoire est essentielle. Elle désamorce la tension sino-américaine autour du renminbi et permet d’ouvrir le jeu aux autres sujets essentiels du G20 en 2011 : gestion des risques systémiques financiers et agricoles, revue du système monétaire international, et normes sur les contrôles de capitaux. Cette situation met la Chine en situation de pivot, alors même que les Chinois sont des acteurs totalement nouveaux sur la scène de l’économie mondiale et qu’ils n’appartenaient pas au G8.

  • 21 février 2011

    Multiculturalisme : les trois erreurs de Sarkozy

    Multiculturalisme : les trois erreurs de Sarkozy

    En déclarant, lors de l’émission « Paroles de Français » le 10 février dernier : « le multiculturalisme est un échec », Nicolas Sarkozy a commis une triple erreur. Il a utilisé un terme étranger à l’oreille politique française et d’un usage particulièrement complexe. En procédant ainsi, il semble persister dans l’erreur tactique qui consiste à se placer sur le terrain de l’un de ses adversaires électoraux, ici Marine Le Pen, sans en tirer aucun bénéfice. Et, last but not least, le président de la République brouille un peu plus le message qu’il voudrait envoyer aux Français sur les questions identitaires puisqu’après avoir longtemps promu la diversité et la « laïcité positive », il constate l’échec d’une politique renvoyant aux principes qu’il a lui-même proclamés.

  • 19 février 2011

    Jacob, DSK et la vraie France

    Jacob, DSK  et la vraie France

    Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, vient de disqualifier la candidature de DSK à la présidentielle avec les phrases suivantes : DSK n’est « pas l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché », Et il a enfoncé le clou le lendemain ainsi : « Moi qui suis un rural, un paysan, je ne peux pas me reconnaître ni m’identifier à Dominique Strauss-Kahn. Il n’incarne pas le monde rural ».

  • 18 février 2011

    L’Europe et le multiculturalisme

    L’Europe et le multiculturalisme

    Après Angela Merkel affirmant en octobre 2010 que le multiculturalisme avait fait faillite, après les récentes déclarations de David Cameron lors d’une conférence sur la sécurité à Munich le 5 février 2011, Nicolas Sarkozy a emboîté le pas lors de son intervention télévisée du 10 février 2011 et proclamé lui aussi l’échec du multiculturalisme. Les trois poids lourds européens, dans un unanimisme peu habituel, sont donc d’accord sur l’idée qu’il convient de rejeter le multiculturalisme, source de désagrégation des sociétés européennes et de perte de leurs valeurs. Le multiculturalisme serait le nouvel ennemi de l’Europe.

  • 16 février 2011

    Guerre des monnaies : petits et gros mensonges

    Guerre des monnaies : petits et gros mensonges

    Le taux de change chinois suscite toutes sortes de vaticinations, y compris chez des économistes fort respectables. Les détracteurs de la Chine, qui du haut de leur modeste taux de croissance donnent des leçons à ceux qui ont accompli le plus grand miracle économique ayant jamais eu lieu sans appropriation de terres ou de main-d’œuvre étrangères, aiment évoquer les déséquilibres de compte courant. Une meilleure mesure de la compétitivité serait la balance commerciale, car il y a dans le compte courant des flux spéculatifs qui contournent les restrictions de change, et qui ont explosé depuis que les détracteurs de la Chine ont fait naître le mythe de la hausse inéluctable du renminbi. L’excédent commercial chinois annuel avec le reste du monde était de 184,5 milliards de dollars à la fin de 2010, soit 3,6% du PIB. Or plus de dix grandes économies ont un excédent commercial dépassant ce chiffre d’au moins un point. Une comparaison avec l’Allemagne est éclairante : ce pays pourtant pauvre en ressources naturelles présente le premier excédent commercial du monde : 205,4 milliards de dollars, soit 6,0% de son PIB.

  • 15 février 2011

    Égypte: que veulent les militaires ?

    Égypte: que veulent les militaires ?

    Le départ de Hosni Moubarak a été ressenti comme une victoire révolutionnaire, pourtant il n’apporte rien que les manifestants de la place Tahrir n’avaient déjà obtenu : la certitude qu’il ne se représenterait pas, que son fils ne serait pas candidat à sa succession, que la Constitution serait amendée et le Parlement dissout. Ce qui change, c’est le cadre de l’accomplissement de tout cela. Hier, il s’agissait d’un cadre constitutionnel ; aujourd’hui, le cadre est celui, inconstitutionnel, d’un coup d’État. Depuis le début de cette crise, on s’aperçoit chaque jour davantage que l’acteur pivotal du régime, c’est l’armée. Que l’armée n’est pas neutre, qu’elle a un agenda et des intérêts.

  • 13 février 2011

    Compétitivité : pourquoi la France a un problème

    Compétitivité : pourquoi la France a un problème

    La compétitivité fait retour dans le débat public. La dégradation continue du commerce extérieur français, la nécessité de corriger les déséquilibres intra-européens et la volonté politique d’une convergence franco-allemande y contribuent. Une étude récente de COE-Rexecode vient nourrir ce débat en présentant un bilan exhaustif des données sur le décrochage français et en faisant du passage aux 35 heures en 1998 le principal facteur explicatif. Cette explication est-elle à elle seule convaincante ? Rien n’est moins sûr.

  • 9 février 2011

    Les socialistes veulent-ils changer de République ?

    Les socialistes veulent-ils changer de République ?

    Après le Forum sur les institutions organisé par le Parti socialiste à partir des propositions de Manuel Valls le 2 février, nous ne savons toujours pas si les socialistes entendent amender la constitution ou changer de République, puisque le bureau national a rejeté l'idée, pourtant raisonnable, d’envisager de futures propositions de révision dans le cadre du régime actuel. Alors ?

  • 4 février 2011

    Égypte: regard froid sur une crise brûlante

    Égypte: regard froid sur une crise brûlante

    Le mouvement de protestation contre le président Moubarak a abouti, pour l’instant, à un résultat paradoxal : le retour des militaires au cœur du régime et l’éviction des réformateurs du parti au pouvoir. Le nouveau vice-président, Omar Souleiman, est un général, chef des services de renseignements, et très proche de Hosni Moubarak. Il s’est illustré durant les années 1990 dans la lutte contre les islamistes. Le nouveau Premier ministre, Ahmed Chafik, est également un général.

  • 2 février 2011

    Énergie : le retour de Nabucco

    Énergie : le retour de Nabucco

    Depuis son lancement en 2002, le projet de gazoduc Nabucco a eu plusieurs vies. À de nombreuses reprises il a été donné comme mort mais il a finalement su renaître de ses cendres. Même lorsqu’il devint projet prioritaire européen, Nabucco avança peu et recula beaucoup, suscitant les moqueries à peine masquées de Vladimir Poutine, alors président de la Russie et principal promoteur de South Stream, le projet concurrent. Ce schéma dépeint bien la situation de Nabucco avant la crise. Cette dernière a apporté un bol d’air nouveau pour le projet européen qui a su l’utiliser à bon escient. Les derniers développements en Azerbaïdjan et au Turkménistan le montrent bien, car Nabucco est en train de résoudre son principal problème, le manque de sources d’approvisionnement.

  • 1 février 2011

    Banques centrales : une indépendance en question

    Banques centrales : une indépendance en question

    Durant les années 1990, on a assisté à un mouvement spectaculaire : pays après pays, les banques centrales ont acquis un statut formel d’indépendance à l’égard des politiques. Partie de Nouvelle-Zélande, cette vague s’est étendue à l’ensemble des pays développés puis aux pays émergents. Certes, il y avait déjà quelques banques indépendantes, en Allemagne et en Suisse, et leur succès, fait de monnaie forte et d’inflation basse, a joué un rôle important. Bien sûr, certains pays émergents n’ont pas suivi, en particulier la Chine où la notion même d’indépendance est séditieuse. Mais la conversion a été presque totale.

  • 30 janvier 2011

    Zone euro : un fédéralisme rampant

    Zone euro : un fédéralisme rampant

    Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) vient de rencontrer, avec sa première émission, un succès impressionnant : le fonds cherchait à lever cinq milliards sur les marchés, le livre d’ordres a dépassé les 40 milliards ! Est-ce pour autant la fin de la crise de la zone euro ? Cela reflète en tout cas l’espoir d’une solution qui entraînera plus de transferts et de solidarité budgétaire dans la zone. Les émissions du FESF ne sont pas des « eurobonds », mais les solutions qui se dessinent laissent augurer le début d’une forme de fédéralisme.

  • 28 janvier 2011

    Les Arabes jouent-ils aux dominos ?

    Les Arabes jouent-ils aux dominos ?

    Contrairement aux apparences, l’Égypte n’est pas la Tunisie. Pourquoi ? Parce que la séquence manifestations-départ de Ben Ali, que l’on ne peut s’empêcher de mettre en avant et que les manifestants égyptiens ont en tête, n’est pas une séquence complète. La séquence complète est : manifestations-refus d’intervenir de l’armée-départ de Ben Ali. Quant à l’opération complète, elle s’apparente pour l’instant à une tentative du régime de survivre, moyennant le départ de Ben Ali et un certain nombre de réformes.

  • 26 janvier 2011

    La peur des primaires gagne le PS

    La peur des primaires gagne le PS

    Jean-Christophe Cambadélis, lieutenant de DSK, vient de déclarer : « Non seulement Jean-Luc Mélenchon fait de la défaite du PS un choix stratégique. Non seulement les écologistes avec Nicolas Hulot s’éloignent d’un pacte à gauche. Non seulement nous sommes à dix candidats aux primaires socialistes, avec comme conséquence un brouhaha bavard, non seulement les candidatures se multiplient à gauche... Bonjour le deuxième tour s’il y en a un ! » Les primaires socialistes sont-elles devenues pour autant la machine à perdre de la gauche ? Cette interprétation est à bien des égards très contestable.

  • 24 janvier 2011

    Tunisie : « Oui mais nous ne savions pas ! »

    Tunisie : « Oui mais nous ne savions pas ! »

    Quand sonnera l’heure du bilan de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, l’affaire tunisienne pèsera sans doute assez lourd. À tort ou à raison elle aura révélé l’immobilisme préoccupant de notre politique arabe. Parmi les explications avancées pour justifier une attitude pour le moins complaisante vis-à-vis du régime de Tunis, figure le fameux « Oui mais nous ne savions pas... » Vraiment ?

  • 23 janvier 2011

    Marine Le Pen ouvre un nouveau front

    Marine Le Pen ouvre un nouveau front

    Le temps de la « peste blonde », suivant le titre du magazine Causeur de ce mois-ci, est-il venu ? On sent poindre l’inquiétude, aussi bien dans les commentaires médiatiques que politiques. Et même si beaucoup de commentateurs s’empressent de déclarer que finalement Marine Le Pen n’est que la fille de son père, et que donc rien ne change fondamentalement au Front national, son élection à la présidence du parti inquiète déjà plus qu’elle ne rassure.

  • 18 janvier 2011

    Faut-il contrer la faiblesse du dollar ?

    Faut-il contrer la faiblesse du dollar ?

    Plusieurs pays sont confrontés à une appréciation substantielle de leur monnaie par rapport au dollar, voire à l’euro. Cela concerne d’abord les pays émergents, par exemple le Brésil dont les exportateurs souffrent de la forte montée du real par rapport au billet vert. Si d’autres pays comme la Chine connaissent une appréciation moindre, cela n’est dû qu’à leur intervention sur le marché des changes via des achats massifs de titres en dollar, avec à la clef des pressions inflationnistes. Les pays émergents ne sont pas les seuls dans cette situation. La Suisse connaît par exemple une forte appréciation du franc par rapport à l’euro, laquelle met à mal les exportateurs helvétiques.

  • 14 janvier 2011

    La Tunisie et la tragédie arabe

    La Tunisie et la tragédie arabe

    Les régimes répressifs ne sont pas l’apanage du seul monde arabe. Les régimes prédateurs ne sont pas non plus spécifiques à cette région du monde. En revanche, l’existence de régimes systématiquement répressifs, inefficaces et tous marqués au sceau d’une longévité politique exceptionnelle est bel et bien la marque de fabrique des pays arabes. De ce point de vue, les graves émeutes qui secouent la Tunisie et de manière plus endémique l’Algérie ne sont que l’expression de cette réalité.

  • 11 janvier 2011

    Dix raisons d’arrêter les plans de sauvetage

    Dix raisons d’arrêter les plans de sauvetage

    Pour éviter que la crise de la dette souveraine dans la zone euro ne connaisse une contagion auto-réalisatrice, les plans de sauvetage devraient s’arrêter à l’Irlande. Ils ne devraient pas toucher au Portugal, et encore moins à l’Espagne. Pourquoi ? On peut invoquer au moins dix raisons.

  • 9 janvier 2011

    Le dollar n’est pas près de perdre sa place

    Le dollar n’est pas près de perdre sa place

    Si la crise de l’euro a un côté positif, c’est qu’elle a détourné l’attention des risques pour le dollar. Il n’y a pas si longtemps, les observateurs unanimes prédisaient la fin imminente de son « privilège exorbitant » de principale monnaie internationale. Il y eut d’abord la crise financière, née aux Etats-Unis. Puis il y a eu la deuxième vague d’assouplissement quantitatif, qui semblait destinée à faire baisser le dollar sur les marchés des changes. Tout cela semblait rendre inévitable la perte de la prééminence du dollar.