• 7 mai 2006

    L'Iran manipule-t-il le monde chiite ?

    La nomination de Jawad al-Maliki au poste de Premier ministre du gouvernement irakien a relancé le débat sur les liens entre l'Iran et les nouveaux dirigeants de l'Irak. Ces derniers sont en effet pour beaucoup membres de partis islamistes chiites longtemps patronnés (Daawa), voire directement créés (ASRII, l'Assemblée suprême pour la révolution islamique en Irak) par la République islamique d'Iran. Malgré sa réputation de « dur », Jawad al-Maliki satisfait – dit-on – les Américains, les Kurdes et les sunnites parce qu'il appartient à une branche de Daawa qui a pris ses distances avec le régime iranien dès le début des années 1980. C'est ce qui explique qu'il ait passé la majeure partie de ses années d'exil en Syrie. Il faut le noter cependant, son prédécesseur Ibrahim al-Jaafari était également issu de cette branche. Dès lors, rien ne permet de d'affirmer que le prochain gouvernement irakien sera moins sensible aux instrumentalisations iraniennes que le précédent.

  • 25 avril 2006

    Oui à l'expérimentation, mais pas dans n'importe quelles conditions

    Les expérimentations peuvent fournir des renseignements très utiles aux décideurs. Quand elles sont bien conçues, elles sont aux prises avec le difficile problème de la sélection, que doivent affronter toutes les évaluations empiriques. Ce problème survient quand nous ne pouvons pas observer tous les facteurs qui déterminent la participation à un programme particulier. Il faut alors se demander pourquoi cet ensemble particulier d'individus a participé au programme. Était-ce parce que les participants en tiraient un profit particulier ? Ou parce que le marché du travail leur offrait peu d'opportunités ? Les expériences résolvent partiellement ce problème en n'autorisant l'accès à un programme qu'à des individus qui l'ont souhaité. Après quoi, nous pouvons observer à qui il a vraiment bénéficié.

  • 20 mars 2006

    Le régionalisme est-il une alternative au multilatéralisme ?

    En cas de blocage des négociations multilatérales à l’OMC, les pays en développement ayant fait le choix de l’ouverture se reporteront inévitablement sur les accords commerciaux régionaux : Alena, Mercosur, Partenariat Euro-méditerranéen, Accords de partenariat économiques entre l’Union Européenne et les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), Accord de libre échange des Amériques... Est-ce une alternative à un blocage des négociations multilatérales ? Rien n’est moins sûr.

  • 20 mars 2006

    A l'OMC l'Europe peut encore (un peu) bouger...

    L'agriculture reste un obstacle à la conclusion d'un accord multilatéral sur le commerce dans le cadre du cycle de Doha. Les positions se sont beaucoup rapprochées en un an, mais il est politiquement très difficile pour les pays membres de réduire les derniers écarts. A ce stade, chaque concession unilatérale semble immédiatement intégrée par les autres membres, et les compteurs de la négociation remis à zéro. Cela encourage à ne se découvrir qu'en dernier, au risque d'un échec collectif. L'Union Européenne ayant mis sur la table une offre plutôt ambitieuse dès octobre 2005, la partie est aujourd'hui difficile pour le négociateur européen Peter Mandelson.

  • 20 mars 2006

    OMC : contrairement à ce qui se murmure parfois, l'Europe a tout à perdre d'un échec

    L'OMC aime bien les dates butoirs, quitte à ne pas les respecter. La prochaine est fixée au 30 avril : c'est demain. Aussi les négociateurs les plus influents se sont-ils retrouvés à Londres pour une réunion où l'on allait parler gros sous, avec de nouvelles simulations des effets de la libéralisation, réunion qualifiée à son issue de " constructive et utile " par le Commissaire européen. Inutile de décoder le langage diplomatique : chacun campe sur ses positions, et si l'on connaît les formules de libéralisation, on ne connaît pas le dosage. Lula et Tony Blair proposent de tenter le tout pour le tout, en organisant une réunion de la dernière chance entre le G8, le Brésil, la Chine, l'Inde et le Mexique, à la fin du printemps ou au début de l'été. Outre que cette initiative s'appuie curieusement sur un pays non membre de l'OMC (la Russie n'a que le rang d'observateur à l'OMC), cela pourrait fort ressembler à un enterrement de première classe. Que se passerait-il alors ?

  • 13 mars 2006

    Milosevic : fin de parcours

    Le procès de Slobodan Milosevic, le premier chef d’Etat à être jugé par un tribunal pénal international pour crimes de guerre et génocide, n’ira donc pas à son terme. Tandis qu’à Belgrade certains lancent l’accusation absurde d’assassinat, l’autopsie devra déterminer s’il s’agit d’une mort naturelle ou d’un suicide. Cette dernière hypothèse n’est pas à écarter quand on connaît les précédents familiaux : son père, prêtre orthodoxe défroqué, s’est suicidé en public d’une balle dans la tête et sa mère, institutrice, s'est donné la mort quelques années plus tard. Il y a une semaine, l’ancien leader des nationalistes serbes de Croatie, Milan Babic, condamné par le TPIY mais disposé à témoigner contre Milosevic, s’était déjà suicidé dans sa cellule à La Haye…

  • 1 février 2006

    « Bush le petit »

    Le Discours sur l’état de l’Union est un exercice incontournable, qui doit invariablement aboutir à la conclusion que cette Union est forte. Mais il est surtout l’occasion annuelle d’une opération de communication de grande ampleur dont les présidents successifs ont fait largement usage. Le président Bush a mis à profit cette tribune en 2002 pour apparaître en père de la nation au lendemain du traumatisme du 11-Septembre et dénoncer l’« axe du mal », pour se poser en chef de guerre en 2003, à quelques semaines de l’intervention en Irak, pour savourer sa réélection par l’annonce, en 2005, d’un ambitieux programme de réformes pour son second mandat.

  • 21 janvier 2006

    Bush maître du discours de la guerre

    Le Discours sur l'état de l'Union du 31 janvier 2006 marquera soit l'affaissement durable du second mandat, soit la régénération d'un discours de la guerre qui n'est pas sans rappeler celui des années 1950, quand toute critique était assimilée à une forme d'intelligence avec l'ennemi.

  • 7 janvier 2006

    La guerre du gaz : une monumentale erreur russe

    A Moscou, le 4 janvier au matin, les autorités ukrainiennes et Gazprom sont parvenus à un accord sur les fournitures de gaz en Ukraine. Ce fut à bien des égards un excellent accord, mais surtout pour l'Ukraine.

  • 4 janvier 2006

    En Colombie, la paix est encore loin...

    La France s'est engagée avec la Suisse et l'Espagne dans une négociation avec le gouvernement colombien et les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) en vue d'un " accord humanitaire ". Après l'adoption durant l'été 2005 d'une loi qui fournit un cadre légal pour la démobilisation des paramilitaires, s'achemine-t-on vers une paix négociée en Colombie après plus de quarante ans de guerre civile ? Il est malheureusement permis d'en douter.