• 20 mars 2006

    A l'OMC l'Europe peut encore (un peu) bouger...

    L'agriculture reste un obstacle à la conclusion d'un accord multilatéral sur le commerce dans le cadre du cycle de Doha. Les positions se sont beaucoup rapprochées en un an, mais il est politiquement très difficile pour les pays membres de réduire les derniers écarts. A ce stade, chaque concession unilatérale semble immédiatement intégrée par les autres membres, et les compteurs de la négociation remis à zéro. Cela encourage à ne se découvrir qu'en dernier, au risque d'un échec collectif. L'Union Européenne ayant mis sur la table une offre plutôt ambitieuse dès octobre 2005, la partie est aujourd'hui difficile pour le négociateur européen Peter Mandelson.

  • 19 mars 2006

    Pourquoi le CPE n'est pas la solution

    Les politiques ont la mémoire courte. Il y a presque exactement treize ans, un gouvernement fraîchement désigné a tenté de changer les règles du salaire minimal pour que les jeunes sans qualification puissent être embauchés à moindre coût. Le « Smic jeunes », comme on l’a vite surnommé, a envoyé des milliers d'étudiants et de lycéens dans la rue, avant d’être retiré par le Premier ministre d’alors, Edouard Balladur. On tourne actuellement à Paris une nouvelle version de ce mauvais film : Dominique de Villepin voit se dresser contre son CPE une nouvelle génération d'étudiants. Le film pourrait bien finir de la même façon.

  • 17 mars 2006

    Pourquoi le papy-boom ne fera pas exploser les dépenses de santé

    La menace d'une explosion des dépenses de santé liée au vieillissement de la population est très souvent invoquée. Sur un ton alarmiste, on dénonce la passivité générale, alors qu'une vague démographique serait sur le point de submerger nos systèmes de santé. Cette inquiétude est-elle fondée ?

  • 14 mars 2006

    Pourquoi tant d’intermittents ?

    Aujourd’hui, les activités artistiques sont dotées d’un puissant pouvoir d’attraction, et ne semblent plus réservées aux ambitions de jeunes de banlieue. Une partie des enfants de la moyenne ou grande bourgeoisie aspire à y développer une activité. Les engorgements du système de l’intermittence reflètent à la fois les contradictions culturelles du capitalisme, entre logique productiviste et individualisme hédoniste, et la situation dans la société française faite aux jeunes adultes pour qui, quitte à être « précaire », autant l’être dans un métier créatif.

  • 10 mars 2006

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    L'Allemagne est désormais sur la bonne voie. Les réformes de l'administration Schröeder ont marqué une rupture dans la politique économique et celle dans la politique de l’emploi. Les clés de cette ambitieuse politique de l’emploi se trouvent dans la nature préventive des programmes, leur évaluation permanente, une attention nouvelle portée au placement des chômeurs, des contacts plus étroits avec les entreprises, un système d’incitations plus efficace et l’arrêt des programmes qui ne marchaient pas. Non moins décisive fut la décision de conditionner indemnités de chômage et prestations sociales à l’exigence de reprendre un emploi quand l’occasion s’en présente. Ce processus a été accompagné par des baisses d’impôts substantielles, une nouvelle loi sur l’immigration, un allongement des heures d'ouverture des magasins, une réglementation plus libérale de l’artisanat et le retour de la notation négative des élites académiques.

  • 7 mars 2006

    OPA : le protectionnisme franchira-t-il la barrière des espèces ?

    Il y a des raisons objectives aux réactions que soulève la vague d’OPA transfrontalières en Europe. D’abord, ce n’est que récemment que l’union monétaire a commencé à produire ses effets sur la réallocation du capital. Ensuite, la rhétorique du patriotisme économique étonne moins lorsqu’on sait que la France est plus ouverte aux investissements directs étrangers (IDE) que ses voisins, y compris la Grande-Bretagne. Enfin la frustration des italiens se comprend lorsqu’on sait que l’Italie est en queue de peloton pour les investissements hors de ses frontières. Au demeurant, l’affaire Suez n’a pas que des aspects négatifs. Sans l’initiative d’ENEL, Gaz de France serait restée majoritairement aux mains de l’Etat et EDF aurait pu continuer à regarder la concurrence sur le marché intérieur avec condescendance. Néanmoins, nous craignons que les politiques ne jouent dangereusement avec le feu. Giulio Tremonti, le ministre des finances italien, a été jusqu'à évoquer 1914, ce qui comportait un peu d’emphase électorale mais n’était pas faux sur le fond. Plutôt qu'à 1914, nous pensons à 1930 et au Smoot-Hawley Tariff Act de triste mémoire. Examinons tout cela.

  • 6 mars 2006

    Réformer le code du travail, mais pas sans concertation

    En France, on ne sait pas réformer. Du moins on ne sait plus. Les gouvernants ont beaucoup de mal à imaginer les processus de décision qui permettent de faire évoluer une société. Dans une grande entreprise, lorsque l’on veut opérer une transformation, un virage, un changement, on construit un « projet ». L’Etat ne connaît pas ces règles du jeu. Les objectifs ne sont pas avoués (pour ne pas effaroucher sa propre majorité) ; le ministère du Budget ne consent pas à dégager les crédits nécessaires ; le comité de pilotage n’existe pas ou il n’est qu’un faux semblant : ce sont les cabinets qui, quand ils en ont le temps, font les arbitrages.

  • 5 mars 2006

    Qui doit payer pour les intermittents ?

    Au cours des vingt dernières années, les effectifs d’intermittents ont quadruplé, le volume de travail rémunéré qui leur était alloué était multiplié par 2, la masse salariale par 3, et les dépenses d’assurance-chômage par 9. Paradoxe fantastique : alors que ce secteur a connu une croissance continue (en financements, en revenus distribués, en volume de travail alloué), il s’est adossé de plus en plus fortement au chômage au point que le chômage a progressé plus vite que l’emploi. Situation totalement absurde au regard du fonctionnement habituel du marché du travail. Qui est responsable ? Chacun et personne : c’est le propre d’un système d’emploi désintégré que de diluer totalement les responsabilités.

  • 3 mars 2006

    Sale temps pour la nouvelle Europe

    Les nouveaux membres de l’UE ont vocation à adopter l’euro dès que possible. La définition du mot « possible » est claire : comme les pays de la vieille Europe, ils doivent satisfaire aux critères de convergence de Maastricht. Or la Commission a récemment publié son évaluation de la situation. Un seul pays, la Slovénie, peut envisager d’adopter l’euro en 2007, la date la plus rapprochée prévue. Recalées l’Estonie et la Lituanie qui ont adopté l’euro de facto depuis plusieurs années. Recalés tous les autres pays qui, pourtant, souhaitaient devenir des membres à part entière de l’Union.

  • 28 février 2006

    Suez-GDF : une guerre civile européenne ?

    Nous sommes en août 14, vient de déclarer M. Tremonti : l’affaire Enel-Suez serait le prodrome des guerres civiles européennes. Cette phrase terrible est elle-même la réponse à une image marquante, celle d’un Premier ministre français flanqué de deux PDG muets pour annoncer la fusion de deux entreprises énergétiques cotées, en réponse à l’OPA subliminale d’Enel. Commedia dell’arte contre cocorico du coq gaulois, faut-il que l’Europe soit à ce point en crise pour permettre un tel spectacle !

  • 20 février 2006

    L’OMC, l’Europe et les OGM

    La question des OGM jugée en ce moment à l’Organisation mondiale du commerce oppose les Etats-Unis, le Canada et l’Argentine (les plaignants) à l'Union Européenne (le défenseur). Le 6 février 2006, le panel OMC a communiqué aux parties ses conclusions préliminaires ; celles-ci ne modifieront pas le cadre juridique dans lequel l’Union Européenne prend des décisions sur les OGM. Les commentaires suggérant le contraire se sont tout simplement trompés.

  • 19 février 2006

    Mondialisation : pourquoi l’Europe perd du terrain

    Insuffisamment attractive pour les entreprises étrangères, l’Europe ne parvient pas à faire glisser ses activités traditionnelles vers les nouveaux secteurs dans lesquels elle devrait avoir un avantage comparatif. Mais en partant de l’analyse de ses handicaps, on peut convertir la menace en opportunité.

  • 14 février 2006

    Laisse passer Trichet, je laisserai passer Stark

    Juergen Stark vient d’être nommé au conseil d’administration de la Banque centrale européenne (BCE), en remplacement de son compatriote Otmar Issing, qui termine son mandat de huit ans, non renouvelable. Avec lui, tous les six membres initialement nommés quand la BCE a été créée auront été remplacés. Et les grands pays (Allemagne, Espagne, France et Italie) ont réussi le coup de se réserver chacun un des quatre sièges. Comme tous les autres anciens et nouveaux membres du Conseil d’administration, Stark vient de la haute administration économique (ministères des Finances ou banques centrales, parfois les deux). Cela garantit un conseil homogène, sans opinions divergentes. La machine va pouvoir ronronner à l’abri de toute influence pernicieuse sur son mode de pensée et surtout sans débat interne sur sa compréhension de ce qu’est, ou doit être, la politique monétaire.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : les marchés de la vieille Europe ne sont pas plus ouverts que ceux de la nouvelle Europe

    L’une des raisons majeures qui ont motivé cette directive était que le marché des services, entravé par les règlements nationaux, est beaucoup moins intégré que celui des marchandises, qui était l’objet principal du programme de 1992. Cette justification est-elle corroborée par les données dont nous disposons ?

  • 12 février 2006

    Du bon usage de la Directive Bolkestein

    Dès l’origine, le débat à propos de la Directive Services n’a cessé d’entremêler chicaneries de techniciens et controverses sur les principes. La discussion de fond peut cependant se ramener à trois questions : faut-il ouvrir les marchés des services à la concurrence ? Selon quelles bases organiser la compétition entre prestataires appartenant à des pays de niveaux de développement très distants ? L’unification du droit doit-elle reposer sur le principe du pays d’origine ? Reprenons-les successivement.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : la mort du principe du pays d’origine ?

    Les 14 et 16 février 2006, le Parlement européen votera en première lecture sur la proposition de directive relative au marché intérieur des services (dite « Bolkestein »). Certains éléments de la proposition semblent satisfaire tout le monde (simplification des procédures, guichet unique, droit à l’information, qualité des services, assistance mutuelle, etc.). D’autres cristallisent encore les tensions et les négociations au sein du Parlement européen et avec la Commission. Il en est ainsi du principe dit du pays d’origine (PPO) sur lequel un compromis devrait être dégagé pour en rejeter la formulation mais en conserver l’esprit. Il en est de même du champ d’application du texte au regard des activités de service public. Ces deux points posent en fait une question commune : peut-on vraiment traiter la libre prestation des services comme l’on a traité jusqu’à présent la libre circulation des marchandises ?

  • 12 février 2006

    Bolkestein : le grand fiasco de la Commission

    La Directive Bolkestein représente un effort de la Commission pour ouvrir les services à la concurrence afin de doper richesse et emploi en Europe. Paradoxalement, la Directive Services, qui en toute bonne logique eût dû être combattue par la droite corporatiste anti-libérale et les lobbies des professions réglementées, a été attaquée par la gauche et les syndicats de travailleurs, alors que ces derniers étaient peu ou pas concernés en tant que travailleurs et étaient bénéficiaires en tant que consommateurs! Les oppositions à la directive n’expliquent cependant pas tout. Dans cette affaire la Commission a commis de graves erreurs qui expliquent son échec.

  • 8 février 2006

    Contrat de travail unique, problèmes multiples

    Avec le Contrat première embauche qui suit de peu le Contrat nouvelle embauche, on est naturellement conduit à se demander s’il n’y a pas là l’amorce d’un processus d’unification des contrats dans une formule inspirée du CNE-CPE. Une telle perspective est désormais plausible et l’on murmure que le gouvernement explorerait sérieusement cette voie.

  • 6 février 2006

    Le nouveau welfare : l’aide et la contrainte

    Lancée en 1996 sous la présidence de Bill Clinton, l’expérience américaine du welfare reform avait pour enjeu de « réconcilier la responsabilité personnelle et les opportunités de travail ». Pour ses auteurs, il s’agissait d’utiliser à la fois la carotte et le bâton pour inciter les mères célibataires – qui sont les bénéficiaires-types du welfare – à retrouver un emploi. A l’heure des premiers bilans, différents spécialistes parmi lesquels Rebecca Blank ont entrepris l’évaluation de cette réforme et de ses effets. Que peut-on en retenir ?

  • 31 janvier 2006

    Face aux disparités régionales, la régionalisation des salaires est-elle une solution ?

    Les disparités régionales dans l’Union européenne restent fortes. En comparant un groupe représentatif de 50 régions européennes et les Etats-Unis, les variations en termes de revenu par habitant étaient à la fin des années 1990 deux fois plus fortes chez nous. La combinaison entre rigidité des salaires et faible mobilité de la main-d’œuvre contribue à creuser d’inacceptables inégalités entre les régions ; les décideurs auront à faire des choix, soit en faveur d’une plus grande mobilité de la main-d’œuvre, soit d’une plus grande flexibilité des salaires.