Monique Dagnaud edit

Directrice de recherches à l'EHESS, PSL Research University Site personnel de l'auteur Écrivez à Monique Dagnaud
  • 16 janvier 2011

    La presse écrite plongera-t-elle dans le tout numérique ?

    La presse écrite plongera-t-elle dans le tout numérique ?

    La disparition de la presse écrite est-elle inéluctable ? Peut-être. Mais ses difficultés découlent davantage de l’avènement du numérique que d’une forme de désintérêt social pour l’information.

  • 26 décembre 2010

    Cinéma indien : la revanche sur Slumdog

    Cinéma indien : la revanche sur Slumdog

    Les milieux du cinéma indien s’étaient montrés fort réservés à l’égard du film Slumdog millionnaire. Amitabh Bachchan, « dieu vivant » du cinéma indien, s'était étonné qu’un réalisateur occidental puisse obtenir un tel succès, huit oscars tout de même, en filmant sous un jour peu reluisant la pauvreté de son pays. Si le film sur le bidonville de Dharavi avait été réalisé par un metteur en scène indien, « ce ne se serait peut-être pas produit », écrivait-il, pour ensuite se rétracter lors la nomination à Hollywood. De fait, les cinéastes indiens ont reproché à Danny Boyle son peu de respect pour la complexité indienne, sa complaisance dans la peinture de la misère, et son ignorance : faire parler en anglais un gamin des rues, quelle incongruité !

  • 23 novembre 2010

    PS : la roue de la distribution étatique

    PS : la roue de la distribution étatique

    La Convention pour l’égalité réelle du PS a accouché d’un texte formidable. Elle se propose de faire tourner la grande roue de la redistribution étatique afin de réduire toutes les disparités : de salaires, de revenus, d’éducation, de logement, de santé, d’équipement des territoires, de mobilité, et de statut. En dehors des traditionnels ennemis du peuple, qui pourrait ne pas adhérer à ce programme, collectif pour ne pas dire collectiviste, et offrant de surcroît l’avantage de ne pas être chiffré ? Pourtant, un volet de ce programme retient l’attention : il concerne l’éducation et l’insertion des jeunes.

  • 18 octobre 2010

    Jeunes : pensez d’abord à vous !

    Jeunes : pensez d’abord à vous !

    Les lycéens ont-ils perdu la tête ? La jeunesse a mille raisons de se révolter, mais saisir l’enjeu de la sauvegarde de la retraite à 60 ans pour descendre dans la rue est un choix étonnant. C’est sur les générations montantes, pour l’essentiel, que reposeront les cotisations alourdies pour financer les retraites – même si l’on augmente la contribution du capital en faveur de l’effort collectif, ce que demande à juste titre la gauche. Soutenir les avantages acquis des générations vieillissantes ?

  • 15 septembre 2010

    I believe in myself, say the youth

    I believe in myself, say the youth

    An opinion poll carried out in August 2010 among the 16-30 year old suggests that if they don’t believe in the future of the French society, the young ones put all their hopes in their own forces. To improve one’s future, one trusts oneself, supported by friends and family. Far away from any disillusionment, the new generation shows the energy of children surrounded by close ones and socialized in groups of peers. In this new public space emerges another conception of the res publica. (in French)

  • 14 septembre 2010

    « Je crois en moi », dit la jeunesse

    « Je crois en moi », dit la jeunesse

    « Je crois en l'autre, je crois en moi », chantait Claude Nougaro. Un sondage IFOP effectué en août 2010 pour le ministère de la Jeunesse auprès des 16-30 ans confirme qu’à défaut de croire en l’avenir de la société française, les jeunes mettent toutes leurs espérances dans leurs propres forces. Pour améliorer son avenir, une seule planche de salut : soi-même, soutenu par les amis et la famille. Loin de l’image du désenchantement qui lui est souvent affublée, la génération montante affiche l’énergie des enfants entourés par leurs proches, et profondément socialisés dans des groupes de pairs. Dans ce nouvel espace public se forge une autre conception du rapport à la res publica.

  • 12 juillet 2010

    Rémy Pflimlin : le CSA l’aurait nommé !

    Rémy Pflimlin : le CSA l’aurait nommé !

    Le 8 janvier 2008, on applaudissait Nicolas Sarkozy. Créer une BBC à la française, la gauche en avait rêvé, la droite l’avait fait. Bravo l’artiste. Deux ans plus tard, le flamboyant scénario s’est transformé en un feuilleton qui vient de prendre fin avec la nomination de Rémy Pflimlin à la tête de France-Télévisions. Ouf !

  • 4 juillet 2010

    Y a-t-il un vote Pirate ?

    Y a-t-il un vote Pirate ?

    On connaissait le vote de gauche, de droite, du centre, le vote vert et le vote blanc. Il nous faudra peut-être commencer à nous intéresser au vote pirate. En effet, le 4 juillet, le Parti pirate présentera un candidat à la législative partielle des Yvelines.

  • 21 avril 2010

    Internet ou l’économie amnésique

    Internet ou l’économie amnésique

    En 2000 Jeremy Rifkin publiait L’Âge de l’accès, qui décrivait le monde encore neuf de l’économie numérique. Dix ans après où en sommes-nous ? Une forme d’amnésie économique s’est imposée, fondée sur l’illusion que seul le service mérite d’être rémunéré, les biens culturels émanant d’une autre galaxie dont on aurait perdu la trace. La valeur de la connexion semble l’emporter sur celle du contenu consommé. L’interpénétration de la communication interpersonnelle et de la communication publique, l’articulation des productions amateurs et de celles labellisées par un éditeur, ce cocktail délicieux fait oublier la spécificité économique de ce qui s’échange. Mais sous l’utopie du gratuit se livrent de féroces combats économiques.

  • 2 avril 2010

    Internet : le miracle de la gratuité

    Internet : le miracle de la gratuité

    89 % des Français estiment que les sites d’information et de contenus doivent être gratuits sur Internet (étude de comparaison internationale de GFK Custom Research). Autrement dit, à la bourse des valeurs, en France, le gratuit obtient la cotation la plus élevée dans le monde. Toutefois, dans cet emballement nous nous singularisons à peine : 82 % des Européens et 78 % des Américains pensent comme nous. Le rejet hexagonal de la culture marchande sur Internet est encore plus radical : 50 % des Français estiment que les contenus doivent être gratuits et sans publicité (42 % des Européens et 21 % des Américains). Comment expliquer cette opinion, qui revient à assimiler les contenus d’Internet à des biens publics ?

  • 15 février 2010

    Qui veut (vraiment) diriger France-Télévisions ?

    Qui veut (vraiment) diriger France-Télévisions ?

    Le 8 janvier 2008, on applaudissait Nicolas Sarkozy. Créer une BBC à la française, la gauche en avait rêvé, la droite l’avait fait. Bravo l’artiste. Deux ans plus tard et en quatre épisodes, le flamboyant scénario s’est transformé en feuilleton de vaudeville. La télévision publique aurait mérité des auteurs plus inspirés.

  • 17 janvier 2010

    Comment négocier avec Google ?

    Comment négocier avec Google ?

    Que faire avec Google ? Après des années de guerre frontale, la France prend le chemin de la négociation. La charge avait été lancée en 2005 par Jean-Noël Jeanneney, à l’époque président de la BNF, lorsque la firme de Mountain View avait commencé à numériser des livres français sans demander d’autorisation. Tout accord avec Google était alors perçu comme un pacte de dupes. Grâce à Gallica, la bibliothèque numérique développée par  la BNF et des associés européens, on pensait mener l’offensive contre le géant de l’Internet. Aujourd’hui, le gouvernement tend la main et propose un partenariat à Google. Recul ou réalisme ?

  • 18 décembre 2009

    Les artistes victimes d’Internet

    Les artistes victimes d’Internet

    « Je me moque complètement d’Internet, ce sont les artistes qui m’intéressent ! » s’exclame Philippe Ogouz, président de l’ADAMI (société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes), lors des Rencontres européennes des artistes à Cabourg les 10 et 11 décembre 2009. « Pourrons-nous encore vivre de nos métiers dans 20 ans alors que la précarité des artistes ne cesse d’augmenter ? Les artistes sont les grands perdants du numérique. » Est-ce bien vrai ?

  • 18 novembre 2009

    Google rend-il stupide ? (2)

    Google rend-il stupide ? (2)

    Dans mon précédent article, je m’interrogeais : faut-il prendre au sérieux le cri de guerre lancé par Nicholas Carr dans The Atlantic (juillet/août 2008) : « Google rend-il stupide ? » En effet, si les intellectuels et les diplômés sont les premiers utilisateurs du Web, l’univers du papier leur demeure très familier. Mais qu’en est-il des autres catégories sociales ?

  • 30 octobre 2009

    Google rend-il stupide ? (1)

    Google rend-il stupide ? (1)

    Récemment un journaliste américain écrivait ceci : « Il me semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations comme le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Avant j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais je fends la surface comme un pilote de jet-ski. » Que faut-il en penser ?

  • 10 octobre 2009

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Sale temps pour la presse. S’installer devant son café le matin en dépliant son journal est devenu un geste rustique. Au même moment, des millions de Français ouvrent leur ordinateur, et surfent de site en site. Pourtant, l'« horreur économique » n'est pas loin dès lors que les gains économiques des sites Internet ne compensent pas ou très mal les pertes de ressources du papier. Un effet de ciseau diabolique.

  • 9 juillet 2009

    Hadopi et utopies

    Hadopi et utopies

    Du groupe de rap IAM au chanteur Bénabar, ils n’en reviennent pas. Que l’on puisse télécharger illégalement leurs chansons, que l’on trouve normal de ne pas rémunérer leur travail, ces artistes engagés en ont le souffle coupé. « J’ai conscience qu’il y a des zones d’ombre dans cette loi. Mais il faut bien quelque chose pour réguler Internet. C’est affligeant de passer pour un mec de droite que de dire cela ! Réguler, c’est de gauche ! », s’exclame Bénabar à propos de la loi Hadopi sur Rue89. Un coup de massue supplémentaire leur tombe sur la tête : les sénateurs socialistes qui, contrairement à leurs collègues de l’Assemblée Nationale, avaient voté la première version de la loi, n’ont pas soutenu Hadopi 2, jugée « inutilement répressive ». Le débat véhément qui entoure ce projet conduit le béotien de surprise en surprise et le désarroi des artistes s’accroît face à des passions qui paraissent démesurées. Ni le dispositif juridique (commun avec d’autres pays), ni la dimension économique (un problème de réactivité commerciale) ne suffisent à expliquer le déchaînement des affects autour de Hadopi. C’est du côté des utopies politiques qu’il faut porter le regard pour comprendre la radicalité des réactions.

  • 25 mai 2009

    L’état du cinéma

    L’état du cinéma

    Va-t-on encore au cinéma, alors que nos écrans domestiques peuvent accueillir tous les films de la planète ? En fait, la sortie cinéma n’est pas en voie de disparition, mais de réorganisation. Globalement, elle connaît un certain tassement. Rituel de la jeunesse dans les années 1990, elle mobilise aujourd’hui les diverses générations. Que révèlent les données mondiales sur le « cinema paradiso » (Observatoire européen de l’audiovisuel, 2009) ?

  • 28 avril 2009

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché ?

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché ?

    L’histoire l’enseigne : nouveaux médias et utopies sociales ont partie liée. Il y a trente ans la France se passionnait pour les radios libres. Les plaidoyers étaient vibrants : les émetteurs répondaient aux attentes de la jeunesse et à son idéal de liberté, son goût pour l’échange, son appétence pour de nouvelles expressions culturelles etc. C’est en tout cas ce que l’on croyait… avant que ces radios soient happées par les lois du marché. Le même destin n’attend-il pas le Net ?

  • 10 avril 2009

    Hadopi : pourquoi la main tremble

    Hadopi : pourquoi la main tremble

    Aux dernières nouvelles, Hadopi aurait coulé, mais ne serait pas encore noyée. Cette loi qui vise à imposer une " riposte graduée " au téléchargement illégal de musiques et de films sur Internet navigue depuis des mois comme un radeau de la méduse. Face à ce projet la riposte des internautes n'est en rien graduée. Elle est cinglante. Aucune surprise : à chaque tentative d'introduire de la régulation dans la Toile (protection des enfants, régulation de la publicité et maintenant téléchargement illégal), l'armée des fournisseurs d'accès, des hébergeurs et des internautes avance en front uni. Les arguments se répètent : toute intrusion du Web est attentatoire aux libertés (" une loi qui fait fliquer tout ce que vous faites sur Internet ", dit un contempteur de Hadopi), vouée à l'échec car aisément déjouée par la technique, ruineuse pour l'État qui devra la faire respecter. Mais le plaidoyer qui enrubanne fastueusement tous les autres, c'est le tort porté à la jeunesse. Les jeunes, enthousiastes d'un Internet aux contenus libres et gratuits, forment une bastille que nul politique ne saurait raisonnablement affronter.