Charles Wyplosz edit

Professeur d'économie, Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement (Genève) Site personnel de l'auteur Écrivez à Charles Wyplosz
  • 8 juin 2006

    Ça bouge au FMI

    Ça bouge au FMI. Il y a deux mois, le Gouverneur de la Banque d’Angleterre avait tiré une première salve. Il exprimait le souhait que l'on repense la gouvernance du FMI. Cela faisait longtemps – au moins depuis la crise asiatique en 1997-1998 – que les observateurs étaient arrivés à la même conclusion, mais le monde officiel gardait une attitude plus que prudente sur un sujet qui fâche. Et voici qu'Anne Krueger, numéro deux du Fonds, avance des propositions concrètes. Elle propose d'accroître, automatiquement si possible, le poids des pays asiatiques. En creux, cela signifie que le poids des autres pays devrait diminuer. Evidemment, personne ne se porte volontaire, et c'est bien là toute la difficulté de la question. Il est vrai qu'Anne Krueger est sur le départ. Peut-être est-ce la raison d'une prise de position qui va irriter plus d'un gouvernement...

  • 12 avril 2006

    Non monsieur Timbeau, l'Europe a bien un problème d'offre

    La thèse de Xavier Timbeau est qu'en se lançant dans un effort de réduction des coûts, l'Allemagne a non seulement vu sa croissance ralentir, mais a déprimé l'ensemble de l'économie européenne. Son pronostic est que d'autres pays suivront la même démarche, notamment la France et l'Italie. Sa conclusion est que « le gain de compétitivité par les coûts ne fonctionne pas pour produire la croissance ». Sa contre-proposition subliminale est qu’une bonne relance par la demande vaut mieux qu'une réforme de l'offre. S'il pouvait avoir raison…

  • 10 avril 2006

    En économie, peut-on dire n'importe quoi ?

    Le Monde a publié dans son numéro daté du 11 avril un article de Thomas Coutrot et Michel Husson critiquant les évaluations des effets du CNE produites par Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo, ainsi que la réponse de ces derniers. La critique porte sur la méthodologie adoptée pour effectuer le chiffrage - les modèles d'appariement qui décrivent comment employés et employeurs se rencontrent sur le marché du travail - qui est présentée comme « baroque ».

  • 3 mars 2006

    Sale temps pour la nouvelle Europe

    Les nouveaux membres de l’UE ont vocation à adopter l’euro dès que possible. La définition du mot « possible » est claire : comme les pays de la vieille Europe, ils doivent satisfaire aux critères de convergence de Maastricht. Or la Commission a récemment publié son évaluation de la situation. Un seul pays, la Slovénie, peut envisager d’adopter l’euro en 2007, la date la plus rapprochée prévue. Recalées l’Estonie et la Lituanie qui ont adopté l’euro de facto depuis plusieurs années. Recalés tous les autres pays qui, pourtant, souhaitaient devenir des membres à part entière de l’Union.

  • 14 février 2006

    Laisse passer Trichet, je laisserai passer Stark

    Juergen Stark vient d’être nommé au conseil d’administration de la Banque centrale européenne (BCE), en remplacement de son compatriote Otmar Issing, qui termine son mandat de huit ans, non renouvelable. Avec lui, tous les six membres initialement nommés quand la BCE a été créée auront été remplacés. Et les grands pays (Allemagne, Espagne, France et Italie) ont réussi le coup de se réserver chacun un des quatre sièges. Comme tous les autres anciens et nouveaux membres du Conseil d’administration, Stark vient de la haute administration économique (ministères des Finances ou banques centrales, parfois les deux). Cela garantit un conseil homogène, sans opinions divergentes. La machine va pouvoir ronronner à l’abri de toute influence pernicieuse sur son mode de pensée et surtout sans débat interne sur sa compréhension de ce qu’est, ou doit être, la politique monétaire.

  • 9 janvier 2006

    BCE : la complainte des gouvernements

    Jeudi prochain, la Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer qu'elle laisse ses taux d'intérêt inchangés. Après les avoir gardés constants depuis juin 2003, elle les a augmentés d'un quart de point en décembre dernier. Pourquoi les augmenter en décembre et pas en janvier ? Sa décision de décembre avait été saluée par une volée de bois vert. De nombreux ministres, dont Jean-Claude Juncker, le ministre des Finances luxembourgeois qui exerce la fonction de président de l'Eurogroupe, avaient alors accusé la BCE de prendre le risque de faire avorter la reprise économique qui s'annonce timidement. Pourquoi tant de malentendus ?

  • 21 décembre 2005

    L'affaire Fazio ou l'exception (bancaire) italienne

    Au terme de plusieurs mois de combats sombres et de révélations nauséabondes, le gouverneur de la Banque d'Italie a démissionné. La justice se prononcera un jour. La police italienne enquête et la Commission Européenne saisit la Cour Européenne de Justice. Il est bien trop tôt pour savoir exactement ce qui s'est passé et pour condamner Antonio Fazio. Il se peut qu'il se défend parce qu'il n'a rien fait de répréhensible, tout comme il se peut qu'il ne cherche qu'à repousser l'instant du jugement. Mais l'accumulation de révélations l'ont paralysé et, en attendant, son refus, pendant des mois, de démissionner pose la question de l'indépendance des banques centrales.

  • 12 décembre 2005

    Budget européen : Blair pose les bonnes questions

    Il faudra bien arriver à un accord sur le budget européen, sous une présidence ou une autre. Partant du principe que l’argent est le nerf de la guerre, Tony Blair a essayé d’utiliser le budget pour forcer une réforme en profondeur de l’Union Européenne. Ça n’a pas marché, et on s’achemine vers une négociation traditionnelle, où des petits compromis permettent aux petits égoïsmes de protéger leurs petits intérêts. La routine. Tony Blair a cependant posé les bonnes questions. Il a été trop audacieux pour réussir, mais trop timoré face au scandale que représente le budget européen.